<75>faire en question, j'envoie la copie de ma réponse au sieur de Klinggraeffen, avec ordre de vous la faire lire, et il me semble qu'après avoir fait toutes ces remontrances, et que nonobstant de tout cela ce Prince ait pris un autre parti, je ne saurais plus lui faire de nouvelles remontrances, pour ne pas risquer d'être la dupe. C'est aussi la raison pourquoi je n'ai répondu à une autre lettre de ce Prince, datée du 26 de ce mois, par laquelle il m'instruisait de la démarche qu'il avait actuellement faite, que d'une manière assez sèche1 comme vous verrez par la copie que le sieur de Klinggræffen vous en montrera, et je me flatte encore que Cette réponse sèche fera peut-être plus d'effet sur l'esprit du Prince que si je lui avait fait force de remontrances.
Sur ce qui est sur l'article 2, touchant les convenances à me faire, je me remets en cela au sieur de Klinggræffen, qui est parfaitement instruit sur mes intentions à ce sujet, ainsi qu'il ne me reste ici qu'à vous prier de considérer que ce sera moi qui serai obligé de conquérir la Bohême pour l'Empereur, et qu'il n'y a guère apparence que Sa Majesté Impériale ait jamais la Bohême, si je n'y contribue pas de toutes mes forces, et qu'ainsi je puis prétendre de bon droit à des convenances proportionnées aux hasards et risques que j'ai à encourir sur cela, dont je me passerais bien, s'il y avait des autres expédients pour faire avoir la Bohême à l'Empereur.
Quant à l'article 3, par rapport au plan des opérations dont Sa Majesté Impériale demande mon sentiment, et que je doive remplir le vide touchant les marches et entreprises que j'avais dessein à faire, il faut que je vous fasse ressouvenir de ce que je vous ai expliqué à Potsdam, savoir, qu'avant que je pusse entreprendre la moindre chose, il fallait que j'eusse préalablement fait mes affaires avec la cour de Russie et de Suède, et qu'après cela il me faudrait voir si la France agirait tout de bon et avec vigueur par ses armées et de quelle manière elle s'y prendrait. Et ce sont encore les deux articles sur lesquels il faut que je sois assuré, avant que de tôper au jeu, ce qui ne pourra être qu'au commencement ou vers le milieu du mois de mai. Touchant le plan de l'opération même, je n'y trouve rien à dire, sinon qu'il me paraît qu'il y a la même faute d'omission qui s'est trouvée dans tous les plans précédents d'opérations, c'est-à-dire, qu'on n'y a mis que ce qu'on pense de faire, sans avoir pris assez en considération ce que l'ennemi pourra faire en contre; article pourtant qui mérite d'être bien pesé et dont on ne pourra presque point juger, avant que les Français n'aient ouvert la campagne par le siège de Fribourg, pour voir alors les mesures que les Autrichiens prendront, s'ils laisseront prendre cette place, si les Français soutiendront ce siège, et quelles opérations ils feront d'ailleurs et autre part.
Ce qui concerne les opérations que j'aurai à faire, mon sentiment
1 Vergl. Nr. 1371.