<9>ment à sa sûreté; que j'étais informé de plus d'un endroit qu'on en voulait absolument à Sa Majesté Impériale ; que les Autrichiens, Anglais, Saxons, Danois ne souhaitaient pour leur intérêt commun autre chose que de la voir culbutée du trône ; que même les Anglais et les Danois n'en faisaient plus de mystère et qu'ils disaient hautement qu'ils s'attendaient de jour en jour à une révolution en Russie ; et qu'ainsi je faisais prier Sa Majesté Impériale de la manière la plus forte qu'elle ne voulût plus tarder d'employer d'une manière efficace les moyens qui sont absolument nécessaires pour la conservation de sa personne et pour l'affermissement de son règne, dont j'ai un très grand intérêt; qu'il ne s'agissait point ici de bagatelles, mais d'une affaire où il fallait que l'Impératrice prît son parti d'une manière efficace ou qu'elle s'attendît à être trahie, menée dans la Sibérie, et même à perdre sa vie, après qu'elle serait une fois culbutée du trône; qu'elle pouvait être assurée qu'il n'y avait personne qui lui pouvait être dangereux et fatal que le prince Iwan, comme l'unique instrument dont les envieux et les ennemis de Sa Majesté Impériale pourraient se servir pour le lui opposer et pour réussir dans la révolution qu'ils méditent; et qu'ainsi il était d'une nécessité absolue que l'Impératrice prît une résolution vigoureuse pour éloigner ce Prince et pour le tenir en un endroit que tout le monde ignorait, hormis l'Impératrice seule; qu'aussi longtemps que cet enfant serait encore à Riga, les ennemis de Sa Majesté Impériale ne manqueraient point de continuer leurs intrigues et d'augmenter leur parti en Russie, soit par des corruptions, soit par des insinuations malicieuses qu'on ferait au peuple, et que les précautions que l'Impératrice voudrait prendre alors pour sa sûreté et pour la succession de son neveu, le Grand-Duc, ne seraient plus de saison, ni elle plus en état d'en empêcher les suites funestes. Au lieu que, si l'Impératrice prenait dès à présent ses mesures avec le prince Iwan, il n'y aurait plus alors de sujet sur qui on pourrait penser, par rapport à la succession au trône, que le seul Prince son neveu, le grandduc de Russie.1

Après cela, vous direz ou ferez insinuer à Sa Majesté Impériale en mon nom la nécessité qu'il y a de ne plus laisser ses affaires dans les mains de gens dont elle avait tant de raisons de soupçonner qu'ils ne la servaient point du tout fidèlement, et qui étaient très préjudiciables à son service. Voilà ce que j'ai cru absolument nécessaire d'insinuer à l'Impératrice, en la priant de ne point mépriser les avis qui lui viennent d'un ami sincère et véritable. En quoi je me remets pourtant sur votre prudence, et que vous vous y prendrez d'une manière pour exécuter cela, soit en tout soit en partie, que vous trouverez la plus convenable ; mais ce que je vous recommande le plus, est que vous



1 Mardefeld berichtet, 28. Januar: „Mes amis m'ont conseillé de différer encore d'insinuer à la Souveraine le contenu des ordres du 13, parce qu'elle n'en entend parler qu'avec la dernière répugnance, se croyant mieux affermie sur le trône que ne le fut Pierre le Grand.“ Vergl. unten S. 17 Anm. I.