1410. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE EICHEL A POTSDAM.109-2

[Potsdam, 26 avril 1744.]

A Dohna : Il doit entrer dans un grand détail de toutes les ressources que peut avoir la Reine pour continuer la guerre; de quel œil ils regardent mon alliance avec la Russie, de quelles commissions le prince Esterhazy sera chargé à Moscou. On doit lui communiquer ma lettre à Hyndford.

Mardefeld : Aviser de l'arrivée du prince Esterhazy.

Beess : Il doit dire comment on prend la déclaration, à Dresde, que j'ai fait faire à Hyndford touchant le secours qu'ils réclament en Angleterre, et si l'on est assez fol pour penser encore à Dresde si ridiculement qu'il l'a marqué.

Klinggræffen : Il peut signer le traité d'union, mais se bien garder de ne signer les articles secrets que lorsque je lui en donnerai l'ordre positif. La partie de la Bohême que je demande pour moi, consiste dans le cercle de Koniggrätz sans exception, la ville de Kolin, seigneurie de Pardubitz et le bord de l'Elbe; ce qui est à l'autre rive de l'Elbe de la principauté de Leitmeritz restera à l'Empereur. Klinggræffen doit entrer dans une grande déduction des hasards auxquels je m'expose, de la difficulté de cette conquête, du temps que cela consumera, des incidents qui pourront arriver, et il doit finir par leur dire que, <110>s'ils peuvent prendre la Bohême eux seuls, jamais je ne demanderai un village, mais que, s'ils ne le peuvent point, je ne puis me charger du risque de la leur procurer qu'à des conditions qui me dédommagent, du moins en quelque façon, des risques et des dépenses qui se trouveraient sûrement dans mon chemin, et qu'en un mot, si l'Empereur et la France commençaient par se méfier de moi et de tous mes successeurs,110-1 avant que nous n'ayons rien signé, j'aimais mieux tirer mon épingle du jeu et rester le tranquille spectateur des troubles de l'Europe. [Au reste, quoi que je ne veuille point empêcher que l'article secret et séparé, touchant la réquisition que les contractants doivent faire à la France pour accéder comme garante de la paix de Westphalie, soit signé, moi, je ne signerai, ce que vous direz hardiment à Chavigny, pas avant que je ne voie les opérations vigoureuses commencées par la France.]

A Chambrier et Rothenburg : Leur communiquer que je me désiste de Kuttenberg et de Czaslau, en un mot la lettre de Klinggræffen; leur demander les raisons du changement de conduite de la France par rapport au siège de Fribourg; d'où lui vient la faiblesse de renvoyer Fénelon à la Haye ; en un mot, que je ne trouve point jusqu'à présent que la vigueur des opérations françaises réponde aux idées que Rothenburg m'en a voulu donner; quel ministre est la cause de cette faiblesse et d'où vient que ces gens font des sottises sans discontinuation. Chambrier doit dire à Amelot qu'il me semblait que, si la France voulait monter sur ses grands chevaux, cela lui conviendrait mieux avec la reine de Hongrie qu'envers le prince Guillaume; que j'étais fâché qu'on me fît porter la turpitude de cette négociation, et que je m'apercevais assez que la France semblait se repentir des moindres efforts qu'elle ferait pour l'Empereur. En un mot, il doit témoigner beaucoup de méfiance de ma part sur leur conduite, tant à cause qu'ils ne profitent jamais du bénéfice du temps, qu'à cause qu'ils agissent aussi mollement que des femmes. Il leur faudrait des toilettes à la guerre, au lieu de faisceaux d'armes.

A Seckendorff : Que les Français ne passent pas le Rhin comme ils l'ont promis, qu'il n'y a point de fond à faire sur eux.

110-2 NB. A Klinggræffen : Que je ne signerai point l'invitation de la France avant qu'on ne la voie agir vigoureusement, et il le doit déclarer à l'Empereur et à Chavigny.

Fr.

[Comment peut-on faire tant de difficultés?]

Eigenhändig. Die eingeklammerten Stellen sind Zusätze von einer Kanzleihand, offenbar Dictate des Königs.

<111>

109-2 Die auf Grund dieser Weisungen von Eichel ausgearbeiteten Immediateriasse an Dohna, Mardefeld, Chambrier und Rothenburg sind vom 28. April, desgl. das Schreiben an Seckendorff. Graf Beess in Dresden wird auf eine dem Grafen Podewils durch den Cabinetssecretär Geh. Kriegsrath Schumacher übemittelte Weisung aus dem Ministerium beschieden.

110-1 Sic.

110-2 Vergl. oben die eingeklammerte Stelle.