1438. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRAEFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.

Potsdam, 13 mai 1744.

J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 5 de ce mois. Quant aux articles que la maison de Hesse prétend pour ses convenances, vous vous réglerez ponctuellement sur les ordres que je vous ai donnés à ce sujet, et on verra comment la Hesse en pourra convenir avec la France et l'Empereur. J'avoue que je n'ai pas grande opinion du succès de cette négociation, et le sieur de Chavigny a bien raison, quand il ne goûte point la sécularisation, surtout dans le temps présent où le clergé catholique paraît déjà si mutin et révolté sur cet article. De l'autre côté, je n'ai guère meilleure opinion de la demande sur les villes impériales, puisque cela pourra faire révolter extrêmement tout l'Empire, mais comme je ne veux pas rompre en visière là-dessus avec la maison de Hesse, j'aime mieux laisser faire les autres. En attendant, pour faire paraître autant de bonne volonté qu'il est possible, je vous envoie ci-clos les pleins-pouvoirs nécessaires pour signer, en cas que la Hesse puisse convenir avec l'Empereur et la France sur ses demandes. Vous prendrez pourtant bien garde de ne me point engager à des stipulations qui pourraient me mettre avec le temps dans bien <138>des embarras, surtout s'il s'agit de garantir la sûreté des payements, et si on voulait me charger de faire bien pour138-1 les subsides qui pourraient être promis ou par l'Empereur ou par la France à la cour de Cassel, puisqu'il pourrait arriver facilement que l'une ou l'autre des deux premières restât en arrière du payement ou y manquât entièrement, et qu'alors la cour de Cassel voudrait être dédommagée de moi comme garant d'un pareil traité, ce qui ne sera jamais mon intention. C'est pourquoi vous tâcherez de vous recogner, sur cet article, sur des bons offices ; aussi me remets-je en tout ceci sur votre savoir-faire.

Quant à l'article sépare et secret pour inviter la France, comme garante de la paix de Westphalie, à accéder au traité de l'union confédérale, je veux bien vous dire que, comme le sieur de Chavigny ne cesse, selon votre rapport, de vous faire journellement des représentations à ce sujet, j'ai à la fin résolu d'y condescendre, et veux bien que, selon le plein pouvoir que vous trouverez ci-joint, vous puissiez signer cet article secret. Vous direz pourtant au sieur de Chavigny que c'est uniquement à son égard que je viens de prendre cette résolution, pour ne lui point donner le démenti de ce qu'il en a déjà assuré à sa cour; mais que j'espérais qu'on voudrait le tenir bien secret, ne m'obligeant, au reste, à rien, avant que les conditions que je vous ai marquées par ma précédente, ne soient accomplies. Du reste, comme je viens d'être confirmé par des lettres de la France que ledit sieur de Chavigny est l'homme désigné in petto, pour remplacer le sieur Amelot, ma volonté est que vous le deviez flatter au possible et lui faire toutes les démonstrations d'amitié de ma part, afin de le mettre dans mes intérêts. Touchant l'autre article secret, sur les convenances à me faire de la part de l'Empereur en dédommagement et pour l'indemnité des engagements onéreux où je serai constitué pour la conquête de Bohême et le soutien des droits particuliers de l'Empereur ou plutôt de la maison de Bavière, la France vient de me faire insinuer que, comme cet article n'a proprement nulle connexion avec le traité d'union confédérale, il vaudrait mieux que j'en fisse un traité séparé avec l'Empereur. Comme je goûte parfaitement ce conseil, mon intention est qu'au lieu de faire un article séparé des convenances que l'Empereur veut me faire, vous en deviez faire un traité séparé et secret, dont vous ne manquerez pas de faire un projet et de me l'envoyer à mon approbation.

Ce changement souffrira d'autant moins de difficultés que nous sommes déjà d'accord sur l'essentiel, et qu'il n'y aura que la forme à changer pour que la France puisse alors donner sa garantie sur ce traité et qu'on le puisse tenir d'autant plus secret. Vous ne manquerez pas d'en parler au sieur de Chavigny, qui, à ce qu'on vient de m'assurer, recevra au premier jour de pareilles instructions de sa cour à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.

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138-1 Sic, für garantir.