1506. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.
Potsdam, 13 juillet 1744.
J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 4 de ce mois, avec celle du 7, par laquelle vous m'avez rendu compte sur les deux points que l'Empereur vous a fait entendre lorsqu'il vous a fait appeler, et sur la déclaration qu'il vous a faite. Quoique je sois content de ce que vous lui avez répondu, je veux néanmoins que vous deviez tâcher d'avoir encore une occasion de parler seul avec l'Empereur et de lui dire de ma part que Sa Majesté Impériale pouvait être assurée que je lui donnerai des marques réelles de mon attachement et de l'amitié que j'ai pour elle, et, quoique mes affaires en Russie ne soient pas dans un train tel que je l'aurais souhaité, après ce qui s'est passé au sujet du marquis de La Chétardie, que je passerai pourtant sur bien des considérations et que je profiterai sûrement du passage du Rhin que les Autrichiens ont fait, pour frapper les coups que je médite; que je n'attendais pour commencer que les réquisitoriaux de l'Empereur que vous avez ordre de lui demander, pour le passage par la Saxe vers la Bohême, et que l'Empereur serait convaincu de la pureté de mes intentions et combien ses intérêts me sont chers ; que je lui demandais pourtant d'en garder encore un secret inviolable et de n'en parler même à des personnes de sa cour, ayant raison de me plaindre de l'indiscrétion de celle-ci, qui contre la promesse donnée a pourtant assez mal gardé le secret au sujet du recez de l'Union et peut-être aussi sur le traité secret à faire, témoin ce que le comte de Loss en a fait entendre à l'Empereur même.213-1
<214>Comme vous me marquez que les courriers de Berlin n'ont plus rien à craindre, je vous envoie par le porteur de celle-ci les ratifications des articles secrets et séparés relatifs au recez de l'Union,214-1 pour que vous en puissiez faire les échanges usités. Selon moi, vous ferez pourtant bien de garder ces ratifications encore auprès de vous et de vous concerter avec le sieur de Chavigny, afin que, s'il est possible, l'échange ne se fasse pas que vers la fin de ce mois, pour que le secret en reste d'autant mieux gardé. Vous vous concerterez de même avec le sieur de Chavigny sur la publication du recez de l'Union, et s'il ne serait pas convenable de laisser jusque vers la fin de ce mois le parti contraire dans l'incertitude de ce traité, pour qu'il ne puisse pas prendre des mesures avant que j'aie commencé à me remuer. Je vous envoie encore ci-joint votre plein-pouvoir touchant le traité secret d'alliance entre moi et l'Empereur, et me réfère d'ailleurs au contenu du rescrit que j'y ai fait joindre.
Sur ce qui est de la réponse que le sieur de Chavigny a reçue du maréchal de Noailles, touchant les articles sur lesquels j'ai voulu être rassuré, j'avoue que la réponse vague que le sieur de Chavigny en a reçue, ne m'a pas fort édifié; il a très bien fait d'insister de nouveau sur une réponse plus positive, et comme j'ai eu occasion d'écrire audit maréchal, j'ai fort insisté sur les mesures à prendre afin que l'Empereur puisse faire marcher son armée pour pénétrer en Bavière, d'abord que l'armée autrichienne sous les ordres du prince Charles se repliera, ou toute ou en partie, vers la Bohême.
Vous n'oublierez aucune des précautions que je vous ai recommandées au sujet des lettres réquisitoriales de l'Empereur pour ma marche en Bohême, et, aussitôt qu'elles seront signées, vous me les enverrez par le porteur de la présente, mon capitaine et aide de camp de Lekow, qui aura soin de me faire parvenir sûrement le paquet qu'il recevra de vous.
Vous ne manquerez pas d'être fort attentif sur tout ce qui se passe entre les années françaises et impériales et entre celle d'Autrichiens qui a passé le Rhin, et de m'en donner, le plus souvent qu'il se pourra, des avis bien détaillés.
Federic.
Nach dem Concept.
213-1 Der sächsische Gesandte hatte dem Kaiser in einer Audienz den Wunsch seines Gebieters ausgedrückt, über die Gerüchte von einem Unionsvertrage aufgeklärt in werden.
214-1 Vergl. oben S. 179 Anm.