1537. EXPOSÉ DES MOTIFS QUI ONT OBLIGÉ LE ROI DE DONNER DES TROUPES AUXILIAIRES A L'EMPEREUR.242-1

Le Roi se croit obligé d'informer l'Europe du parti que les conjonctures présentes l'obligent de suivre pour le bien et la tranquillité de l'Europe.

Sa Majesté, ne pouvant voir plus longtemps avec indifférence les troubles qui désolent l'Allemagne, après avoir tenté inutilement toutes les voies de conciliation, se voit obligée de se servir des forces que Dieu lui a données pour rétablir la paix et l'ordre, pour remettre les lois dans leur vigueur, et le chef de l'Empire dans son autorité.

Depuis les succès que les troupes hongroises ont eus en Bavière, la reine de Hongrie, bien loin d'en user avec l'équité et la modération qui lui convenaient, a traité les États héréditaires de l'Empereur avec une dureté et une cruauté infinie.

Cette Princesse et ses alliés ont conçu des desseins démesurés d'ambition, dont le but pernicieux était d'enchaîner pour jamais la liberté germanique, ce qui a fait, depuis un siècle passé, l'objet principal de la politique dangereuse de la maison d'Autriche.

On n'a qu'à examiner les faits qui se sont passés depuis deux ans, pour juger de la malignité des intentions de la cour de Vienne, et pour voir clairement que, dans toutes ses démarches, elle en a agi d'une façon entièrement contraire aux loix et aux constitutions de l'Empire.

L'Allemagne s'est vue inondée de troupes étrangères; on les a fait subsister au grand détriment des princes neutres de l'Empire; on les a fait marcher sans envoyer préalablement les réquisitoriaux usités.

La reine de Hongrie a conclu des alliances pour dédommager certaines puissances des secours extraordinaires qu'elles lui ont fournis, et ces dédommagements ont consisté tant dans des fiefs de l'Empire qu'en des espérances données sur de certains évêchés.

Les généraux de cette Princesse ont voulu s'emparer de force de Villes Impériales, ses ministres ont menacé des Électeurs, et en ont voulu séduire d'autres, et bouleverser, par ce moyen, cette république composée <243>de tant de souverains, et que l'union seule a fait résister jusqu'à ce jour aux secousses qui l'ont ébranlé si souvent.

A quel point ne se joue-t-on pas de la foi publique, en enfreignant la capitulation de Braunau, et en attaquant les troupes impériales retranchées sous les Villes Impériales neutres et sous les forteresses de l'Empire, et en les forçant même de se retirer hors des limites de l'Empire dont leur maître est le chef? Sans compter que c'est bien en vouloir directement à la dignité et à la majesté impériale et la rendre méprisable que de souffrir que des officiers des troupes de la reine de Hongrie la traitent avec indignité, comme il n'y en a que-trop d'exemples.

Enfin, pour mettre le comble aux insultes faites par la cour de Vienne à la majesté de l'Empire romain, on n'a qu'à lire les protestations de cette cour remises à la dictature de l'électeur de Mayence, par lesquelles la reine de Hongrie déclare l'élection de l'Empereur nulle de toute nullité, quoique faite unanimement, et prétend que la diète présente de Francfort est illégitime, en voulant soustraire par là tous les États de l'Empire à l'obéissance qu'ils doivent au chef qu'ils ont élu.

Tant de faits et tant de démarches ouvertement contraires à l'honneur et à la gloire du nom allemand et aux constitutions du Corps Germanique, dénotent assez clairement que le dessein de la cour de Vienne est d'usurper en faveur d'un prince étranger et non possessionné en Allemagne la dignité suprême, dévolue, par le choix unanime et libre de toute la nation germanique, au sérénissime électeur de Bavière.

Ce sont des attentats qu'il est contre l'honneur et contre la dignité de tout électeur et de tout prince d'Allemagne de tolérer plus longtemps, et ce serait une lâcheté affreuse pour les membres sacrés de ce collége auguste, institué depuis un temps immémorial dans l'autorité d'élire ses chefs, de souffrir le despotisme et la violence avec laquelle la reine de Hongrie veut leur ravir ce droit en opprimant si ignominieusement Sa Majesté Impériale.

Ce n'est point à l'Empereur que la reine de Hongrie fait injure, mais bien à ceux qui l'ont élu, et que cette Princesse méprise assez pour les croire insensibles à leur honneur, et d'une faiblesse assez grande pour ne point soutenir, dans la personne de Sa Majesté Impériale, la plus noble de leurs prérogatives.

Le Roi n'a aucune discussion particulière avec la reine de Hongrie.

Il n'a aucune prétention à sa charge, il ne veut rien pour lui, et il n'entre qu'en qualité d'auxiliaire dans une querelle qui ne regarde que les libertés de l'Empire, et la guerre ouverte que la reine de Hongrie vient de déclarer à l'Allemagne, par les hostilités que ses troupes y ont commises, serait une raison suffisante, s'il n'y en avait point d'autres, pour justifier la conduite de Sa Majesté.

Si le Roi se croit aujourd'hui obligé, par ces raisons, de prendre un parti violent, ce n'est qu'à regret, et après avoir épuisé toutes les voies de conciliation.

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Il a fait des tentatives auprès du roi d'Angleterre, lorsque ce Prince était campé à Hanau.

L'Empereur déclarait même que, par amour pour la paix, il renoncerait à jamais à toutes les prétentions qu'il avait à la charge de la maison d'Autriche, moyennant la restitution de ses États héréditaires.

Les conditions avantageuses et pleines de modération furent rejetées nettement du ministère anglais; marque certaine que l'intention du roi d'Angleterre n'était point de rendre le calme à l'Empire, mais plutôt de profiter de ses troubles.

Le Roi a offert, depuis, sa médiation, conjointement avec celle de l'Empire, aux Puissances maritimes, pour trouver une issue à cette guerre fatale.

Mais la république de Hollande, sentant les obstacles qu'elle rencontrerait dans la roideur des cours de Vienne et de Londres, l'a déclinée d'une façon assez catégorique.

Sa Majesté, toujours remplie du même zèle, et travaillant avec la même activité à tout ce qui pouvait rétablir le Tepos en Allemagne, crut qu'en faisant immédiatement des propositions de paix justes et équitables à la reine de Hongrie, que ce serait le moyen le plus abrégé de faire éclore ses salutaires desseins.

Les propositions que l'on avait faites à Hanau, furent réitérées à Vienne ; l'Empereur, qui ne veut que le bien de l'Empire, s'offrit à tout, et ce Prince magnanime, en vrai père de la patrie, était déterminé à lui sacrifier ses propres intérêts, action généreuse, qui justifie à jamais le choix que l'on avait fait de lui.

Le Roi appuya cette négociation, par les remontrances et les persuasions les plus pathétiques et les plus fortes.

Mais plus que l'Empereur marquait de modération, plus l'on voyait dans la reine de Hongrie une fierté inflexible.

Aussi cette Princesse ne doit-elle s'en prendre qu'aux maximes despotiques de son conseil, qui suscite de nouveaux alliés à ses ennemis. Mais si elle attaque les libertés germaniques, elle en réveille les défenseurs; et comme elle entreprend de dépouiller les principaux membres de l'Empire de leurs droits, elle doit trouver juste qu'ils se servent des moyens qu'elle les oblige de choisir, pour les maintenir.

La race de ces anciens Germains qui ont défendu tant de siècles leur patrie et leurs libertés, contre toute la majesté de l'ancien Empire romain, subsiste encore, et elle les défendra tout de même, aujourd'hui, contre ceux qui osent y attenter.

C'est ce qu'on voit par la ligue de Francfort, où les princes les plus respectables de l'Allemagne se sont unis pour s'opposer à son bouleversement.

Le Roi s'est joint à eux, jugeant qu'il est du devoir et de l'intérêt de tout membre de l'Empire d'en maintenir le système, et de secourir les faibles contre les oppressions des puissants.

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Sa Majesté croit que l'usage le plus noble 'et le: plus digne qu'elle puisse faire des forces que Dieu lui a confiées, est de les employer au soutien de sa patrie, à laquelle la reine de Hongrie veut donner des fers, à venger l'honneur et les droits de tous les électeurs, que cette Princesse leur veut ravir, à donner des secours puissants à l'Empereur pour le soutenir dans tous ses droits et sur ce trône dont la reine de Hongrie veut le faire descendre.

En un mot, le Roi ne demande rien, et il ne s'agit point de ses intérêts personnels; mais Sa Majesté n'a recours aux armes que pour rendre la liberté à l'Empire, la dignité à l'Empereur et le repos à l'Europe.

Nach dem Originaldruck.245-1



242-1 Vergl. oben S. 201. 211. 218.

245-1 Es liegt keine Handschrift des Königs vor, die dem Drucke ganz entspräche; vergl. über die Handschriften des Exposé Preussische Staatsschriften I, 432 ff.