1599. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.
Camp de Tabor, 28 septembre 1744.
J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 19 de ce mois. Je suis très fâché du peu de vigueur que le général de Donop a trouvé dans le gouvernement de France ; mais, dans l'état où nous sommes, il n'y a d'autre moyen que de temporiser et d'éperonner autant qu'il est possible, et attendre le temps que des gens habiles, que <295>vous me nommez, soient mis en poste, ce qui, selon toutes les apparences ne pourra guère manquer d'arriver bientôt.295-1 En attendant, vous ne manquerez pas de continuer vos correspondances avec le maréchal de Schmettau, pour être bien attentif à tout ce qui se passe à la cour de France, et de m'en faire, le plus souvent qu'il se pourra, votre rapport et vos réflexions, telles qu'elles vous viennent, sans me cacher la moindre chose. J'ai été content d'apprendre l'arrivée du sieur de Saint-Séverin. Vous le pousserez afin qu'il n'y. reste qu'autant qu'il faut, et continue son voyage vers la cour de Pologne sans délai, sa présence y étant très nécessaire. Le sieur de Chavigny a raison quand il est du sentiment que le plus court sera, pour attirer la Saxe dans le bon parti et pour déterminer en même temps l'Empereur à faire une cession, que le sieur Séverin traite là-dessus ayec le roi de Pologne, de concert avec mon ministre à cette cour, et que, lorsqu'on sera convenu sur cette convenance, la France et moi nous en ferons notre affaire d'obtenir le consentement de l'Empereur sous notre garantie.
J'y souscris; aussi, ce que le comte de Saint-Séverin aura à observer, c'est ce qu'il tâchera de faire expliquer aux ministres saxons les premiers sur les convenances qu'ils demandent pour le roi de Pologne, pour accorder le moins qu'on pourra. J'ai donné ordre à mes ministres à Dresde et en Pologne de vivre avec ce comte dans une parfaite intelligence, d'agir en tout de concert et de s'ouvrir confidemment avec lui sur les êtres présents de la cour de Pologne, et sur tout ce que j'ai fait proposer au Roi pour l'avoir dans notre parti, avec les réponses que j'en ai eues. Je recommande audit comte de bien presser son arrivée à la cour de Pologne, pour obvier aux intrigues du ministre anglais, qui l'aura déjà devancé par de bonnes sommes et dont je crains les effets, n'y ayant été personne pour ménager les intérêts de la France.
Au reste, je vous réitère de tâcher par tous les moyens possibles que l'Empereur n'aille pas à son armée, mais qu'il attende absolument les événements. Vous ne manquerez pas d'envoyer la ci-close295-2 au sieur Chambrier le plus tôt le mieux. Sur cela je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
295-1 Vgl. S. 274.
295-2 Liegt nicht vor.