1611. AU ROI DE FRANCE AU CAMP DEVANT FRIBOURG.
Camp de Konopischt, 20 octobre 1744.
Monsieur mon Frère. J'ai reçu la lettre de Votre Majesté, avec la double satisfaction de voir Sa santé entièrement rétablie et de La savoir contente de mes opérations.
Depuis ma dernière lettre, les choses sont bien changées; les Saxons ont envoyé un secours de 20,000 hommes à la reine de Hongrie, qui ont voulu marcher droit à Prague, ce qui m'a obligé de quitter mes autres desseins et de m'approcher de Prague, pour couvrir cette capitale. Je ne puis nier que ceci ne me fait beaucoup de peine, mais Votre Majesté peut tout réparer, et cela d'une façon sûre et certaine; sans quoi, je dois Lui dire d'avance, avec toute la sincérité et vérité possible, qu'il ne faut pas se flatter que nos affaires aillent bien. Il s'agit donc si Elle voulait Se résoudre d'envoyer ce corps de Ses troupes qui réduit le Brisgau, cette opération finie, tout droit dans le pays d'Hanovre, où il n'y a aucun ennemi; ceci obligera dès le moment le roi d'Angleterre de demander la paix, et, comme ce Prince est l'arc-boutant de la reine de Hongrie, Votre Majesté est par ce moyen l'arbitre de rendre la paix à l'Europe, le printemps qui vient, sans quoi, en vérité, nous devons tous craindre que le nombre de nos ennemis n'augmente, <303>et que, manquant d'aller à la source du mal, nous ne nous amusions toujours à la superficie.
Je conjure Votre Majesté de ne point négliger l'avis que je Lui donne, et d'être persuadée que de la résolution qu'Elle va prendre sur ce sujet, il dépendra d'avoir une paix heureuse ou une guerre qui, plus elle tirera en longueur, plus elle deviendra mauvaise.
Je fais mille vœux pour la santé et prospérité de Votre Majesté; personne ne Lui est plus attaché que je le suis, étant, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.