1670. AU MINISTRE D'ÉTAT DE WALLENRODT A VARSOVIE.

Berlin, 29 décembre 1744.

J'ai reçu votre dépêche du 23 de ce mois, et, puisque vous m'assurez que le roi de Pologne est sur son départ, et qu'il compte de se rendre le mois prochain dans ses États héréditaires, je suis content que vous différiez de rendre votre lettre de rappel jusqu'au départ de ce Prince, ou, en cas qu'il dût vouloir passer l'hiver à Varsovie, d'attendre de nouveaux ordres pour vous en congédier.

En attendant, vous aurez appris déjà par mon résident Hoffmann les ordres qu'il a reçus en dernier lieu, touchant le voyage du roi de Pologne, et les offres obligeantes que je lui ai fait faire, de passer avec sa cour par la Silésie, s'il le souhaitait, où on lui rendrait tous lés honneurs dus à une tête couronnée, et où il serait en une aussi grande sûreté que dans ses propres États, tout ce qui s'est passé jusqu'ici entre nous, par rapport aux affaires de Bohême, n'ayant pas étouffé les sentiments d'estime et de considération que je conserverai inviolablement pour ce Prince. Le sieur de Biilow, à qui j'ai fait insinuer la même chose, doute fort qu'on ait jamais conçu tout de bon le dessein de passer par la Moravie, regardant ce passage, dans la saison présente, comme impraticable. J'ai aussi de la peine à m'imaginer que c'est pour avoir un entretien avec la reine de Hongrie, car, à moins que le roi de Pologne ne prenne le parti de pousser jusqu'à Vienne, cette Princesse, prête à accoucher, n'est pas en état de se mettre en chemin, surtout pendant la saison présente. Cependant, si vous êtes bien assuré que quelques insinuations amicales de ma part, faites à propos, pourraient retenir le roi de Pologne d'entrer dans des liaisons encore plus étroites avec la cour de Vienne, je veux bien permettre que vous fassiez entendre en gros, et sans empressement et affectation, qu'il ne serait peut-être pas si difficile de s'entendre ensemble et de concilier nos idées sur nos <378>intérêts réciproques, malgré tout ce qui s'est passé jusqu'ici, si on voulait s'expliquer confidemment de la part du roi de Pologne et de son ministère de quelle manière on pourrait trouver sa convenance réciproque, d'une façon qu'on ne demandât rien qui fût contre moi et mes véritables intérêts. Car vous comprenez bien que je ne pourrais jamais me résoudre de promettre de but en blanc que je ne m'opposerais pas à ce que la cour die Vienne a promis et stipulé à celle de Dresde, mais que je soutiendrais plutôt la dernière dans ces engagements. Il faudrait, pour faire une pareille démarche, que je fusse instruit auparavant en quoi consistent les conditions que la cour de Vienne a promises à celle de Saxe, et s'il n'y en a pas parmi qui sont à mes dépens, ou, du moins, diamétralement opposées à mes intérêts, comme j'ai grande raison de soupçonner, et je serais fort mal avisé de les approuver d'avance, sans savoir au juste de quoi il est question.

Je ne saurais vous cacher que je souhaiterais ardemment de regagner la cour de Dresde et la faire entrer dans mes idées. Je ne serai pas contraire non plus aux convenances qu'elle pourrait demander, mais il faut qu'elles ne soient ni à mes dépens ni contre mes intérêts, et qu'on s'explique sur ce qu'on souhaite d'avoir, et si on veut renouer avec moi en cas que je m'engage de les procurer au roi de Pologne, quand je saurai de quoi il est question.

Il faudrait manier tout cela fort habilement et laisser entrevoir que; si la Saxe ne prend pas ce parti-là, elle sera plantée à la paix générale, et qu'on ne s'arrêtera pas à ses convenances, si on peut régler le reste.

En cas que le roi de Pologne dût rester encore quelque temps à Varsovie, j'attendrai votre rapport détaillé sur tout cela, mais s'il part, vous n'avez qu'à vous congédier et retourner à votre poste à Königsberg, puisque, le comte de Beess se trouvant à Dresde, il ne sera pas nécessaire que vous y suiviez la cour.

Federic.

H. Comte de Podewils.

Nach der Ausfertigung.