<185> même officier qui arrêta, l'année passée, toute l'armée autrichienne plus de trois heures à son passage de l'Elbe à Selmitz. Le lieutenant-colonel de Buddenbroek y fit des merveilles, l'attaque de la cavalerie de la droite succéda à celle de l'infanterie, et toute l'aile gauche des ennemis fut chassée presque en même temps. Les Saxons firent un triangle d'infanterie pour se retirer, mais le lieutenant-général Rothenburg avec le régiment de cuirassiers du prince de Prusse tailla tout le régiment de Schönberg en pièces, le lieutenant-colonel de Jasinski des gardes du corps et le major Froideville massacrèrent deux compagnies des grenadiers saxons, le triangle fut rompu, et tous les Saxons totalement battus.

Toute cette aile fut défaite, avant que l'aile gauche commençât à charger les Autrichiens. Le prince de Prusse et le margrave Charles conduisirent cette attaque avec tant de vigueur que les Autrichiens plièrent partout; le régiment des gardes s'y distingua beaucoup et chassa, la bayonnette au bout du fusil, les grenadiers autrichiens qui s'étaient postés dans un fossé vis-à-vis d'eux. Les régiments de Hacke et du prince de Brunswick-Bevern y firent des prodiges. Pendant toutes ces attaques, le Roi fit faire un quart de conversion à toute sa droite, qui fut obligée de passer des marais et des fossés impraticables, pour prendre les Autrichiens dans le flanc. On attaqua et prit, en faisant cette manœuvre, un village que l'ennemi avait garni d'infanterie, et la cavalerie de la droite, après avoir choqué huit fois, dissipa tout ce qu'il y avait d'ennemis de ce côté-là et vint rejoindre la droite qui allait tomber sur le flanc des Autrichiens; la gauche avançait en attendant et avait trois fois déposté l'infanterie autrichienne. La cavalerie de la gauche, dont il n'y avait eu que 10 escadrons de formés, fut d'abord menée par le général Kyau à la charge, qui culbuta tout ce qu'il trouva devant lui. Dès que le général Nassau eut formé 15 autres escadrons, il s'aperçut que les ennemis se mettaient en potence pour le prendre en flanc. B tira 6 escadrons de la seconde ligne pour les leur opposer, et, cette disposition faite, il les chargea si vivement que tout plia devant lui. L ennemi se rallia, et ces escadrons chargèrent jusqu'à six fois avant que d'obliger totalement l'ennemi à prendre la fuite. A ces charges, le général Rochow, le prince Schönaich, le colonel de Marschall et une infinité d'officiers se distinguèrent.

Le régiment de Baireuth, qui faisait la réserve, voyant que l'infanterie de l'ennemi continuait toujours ses charges, fut mené par le lieutenant-général de Gessler et le général Schmettau, notre infanterie les laissa passer par un intervalle, et ils chargèrent si vigoureusement cette infanterie, qu'ils hachèrent en pièces les six régiments de Marschall, de Grünne, de Thüngen, de Daun, de Kolowrat et de Wurmbrand, avec une troupe de grenadiers, et, en rapportant 66 drapeaux, firent de ce côté-là 2,500 prisonniers; action inouïe dans l'histoire et dont le succès est dû aux généraux Gessler et Schmettau, au colonel