Que pour mon particulier, je m'étais à la vérité déclaré de ne demander rien pour moi, mais que, depuis que la reine de Hongrie venait d'enfreindre la paix qui avait subsisté entre nous, en attaquant mes États, et en y commettant des cruautés et des exactions exécrables, en saccageant et ruinant le pays, j'avais besoin pour moi, pour n'être plus exposé à de pareils inconvénients, et pour le dédommagement du passé, que la reine de Hongrie me cédât les débouchés des montagnes d'où ses troupes sont entrées dans ma Silésie.
A ce sujet, je vous dirai pour votre instruction que vous pourriez voir quel chemin vous pouvez faire avec cette proposition : elle est vague, pour qu'on la puisse étendre ou restreindre, selon que je le jugerai à propos. Ainsi, si vous voyez qu'il y a quelque espérance de ce côté-là, vous pouvez étendre ce que je souhaite — outre la partie de la Haute - Silésie avec les enclavures de la Moravie qui par la paix de Breslau sont restées à la reine de Hongrie — sur les gorges des montagnes du côté de la comté de Glatz, comme Nachod, ville et château, et les petites villes de Neustadt, Opotschno, Braunau. Mais si vous voyez trop d'obstacle sur tout cela, ce sera, au moins, l'ultimatum de mes prétentions que la Haute-Silésie.
Pour disposer d'autant plus le lord Harrington d'entrer dans mes vues, vous lui insinuerez que je suis à présent dans la plus belle situation du monde, après avoir chassé les Autrichiens de toute la Silésie; que je pourrais commencer la campagne qui vient avec espérance du plus grand succès du monde, mais qu'indépendamment de cela, je sacrifierais mes intérêts pour le salut public, et que j'accepterais avec plaisir la médiation dont milord Harrington vous avait parlé, savoir de rétablir la paix en Allemagne de concert avec l'Angleterre; que la pacification de l'Allemagne pourrait être la planche, faite pour nous conduire à une paix générale, sur quoi je voulais donner certaines matières à milord Harrington pour qu'il veuille amicalement et comme homme routine dans les affaires d'État, y réfléchir et m'en indiquer, par ses lumières, ses sentiments; savoir que je ne vois pas pourquoi on ne peut pas établir une alternative: ou bien de laisser Fumes au roi de France en démolissant Dunkerque, ou bien de souffrir que le roi de France relèverait les fortifications de Dunkerque moyennant quoi il rendrait les conquêtes qu'il avait faites en Flandre; que l'article qui regardait l'Espagne serait sans contredit plus difficile, mais que je ne croyais pas la difficulté insurmontable; que la grande affaire était le commerce des Anglais, et qu'il me semblait qu'on pourrait s'accorder là-dessus de façon que l'Angleterre s'employât à faire céder la Savoie et la comté de Nice à l'infant Philippe, ou si on ne trouvait pas que cette cession leur convînt, qu'on accommodât l'infant du Parmesan et du Plaisantin, moyennant quoi l'Espagne continuerait le commerce et les octrois des Anglais pour un nombre d'années dont on pourrait convenir.
Que je soumettais tout cela à la considération du lord Harrington,