<225> éclatante, si palpable, et si sévère, l'on soutenait froidement à Dresde que la Saxe n'était point en guerre avec la Prusse, que le duc de Weissenfels et les troupes qui se trouvaient sous ses ordres n'avaient point attaqué les États héréditaires du roi de Prusse, mais seulement ses nouvelles acquisitions, et le ministère se berçait avec ces sortes de raisonnements spécieux, comme si de petites distinctions scholastiques et des subtilités puériles des grammairiens étaient des motifs assez puissants pour autoriser l'illégalité et l'injustice de son procédé.
Rien de plus facile que de réfuter d'aussi faibles arguments. Les deux couronnes vivaient en paix avant que les troupes auxiliaires de l'Empereur entrassent en Bohême; le court trajet de ces troupes, pour traverser la Saxe, a fait beaucoup crier les ministres du roi de Pologne, mais injustement.
Suivons la conduite du roi de Prusse dans cette marche. Les réquisitoriaux de l'Empereur avaient précédé l'arrivée de l'armée; les troupes n'ont presque fait aucun séjour dans leur passage, et. elles ont payé dans leur marche, aux fourrages près, tout ce qui leur a été fourni pour leur subsistance; les engagements du Roi, les conjonctures pressantes, et la situation locale du pays ôtaient à Sa Majesté la liberté d'opter entre les chemins qu'Elle pouvait choisir. Si le Roi avait eu des desseins pernicieux sur la Saxe, qui l'aurait pu empêcher, à la tête d'une armée de 60,000 hommes, de désarmer cette poignée de Saxons qui gardaient leur pays, et à s'en rendre le maître? Mais est-ce aux Saxons d'accuser le Roi d'aussi noirs projets? Et se peut-il que cette nation ingrate ait déjà perdu la mémoire de la bataille de Czaslau, où le Roi risqua tous les hasards d'une affaire générale, pour garantir leurs frontières contre les incursions que les Autrichiens pouvaient y faire, après que les Saxons mêmes, ayant abandonné le Roi en Moravie, se retirèrent dans le cercle de Saatz, et laissèrent cette partie de leurs frontières qui est située à la rive droite de l'Elbe, sans défense.
Indépendamment du passage des troupes prussiennes par la Saxe, la bonne harmonie subsistait encore entre les deux rois, du moins en apparence, et les ministres continuèrent sans altération leurs résidences dans les deux cours respectives également.
B n'y avait donc que des sentiments d'envie et de jalousie et une ambition injuste et effrénée qui pût faire contracter au roi de Pologne les engagements qu'il a pris au traité de Varsovie.
La Silésie était regardée par toute l'Europe, depuis la paix de Breslau, comme une province incorporée aux autres États qui sont sous la domination du Roi; c'est un héritage de ses ancêtres qu'il a répété et conquis, depuis l'extinction mâle de la maison d'Autriche; d s'ensuit donc de là que la Silésie est autant annexée aux États du Roi que les pays de Zeitz et de Mersebourg le peuvent être à la Saxe. Ce sont des héritages également, de part et d'autre, et il