<286> d'éviter une affaire générale, cela dépend absolument de moi. Ne vous embarrassez pas de l'armée, car je puis vous assurer que nous avons toujours presque la supériorité nonobstant tous les détachements. Je puis me conserver sur les frontières de Bohême jusqu'au 24 d'octobre, où j'ai intention d'entrer en Silésie pour prendre mes quartiers d'hiver. B faut qu'entre ci et ce temps-là notre affaire soit tirée au clair. Je pense que nous pouvons laisser nos pédants à Francfort jusqu'à ce que nous ayons une relation d'Andrié qui nous fasse voir jour dans l'avenir, après quoi nous pourrons les faire agir selon les conjonctures. Adieu. Ne vous inquiétez pas trop de l'avenir; travaillez, mais faites comme moi, qui [apprends] à mon âme, à coups de bâton, à devenir patiente et tranquille. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

P. S. 1.

Camp de Staudenz, 26 septembre 1745. J'ai oublié à vous dire que, quant à l'affaire des subsides de la France, il faut que vous instruisiez à la première ordinaire le baron Le Chambrier que, bien qu'il ne doive point encore accepter la somme des subsides que la France nous offre, il doit pourtant s'expliquer toujours bien poliment et ne point laisser tomber cette affaire, en représentant seulement l'impossibilité où j'étais de m'aider à soutenir la guerre par une somme si médiocre. Outre cela faut-il qu'il pousse bien à la roue touchant le secours en troupes qu'on nous a promis, et qui nous est fort nécessaire. Mais d'abord que vous verrez que notre négociation avec l'Angleterre n'a point de succès, alors il sera nécessaire que, sans la moindre perte de temps, vous instruisiez le sieur Le Chambrier qu'il doit faire tout ce qui est humainement possible, et remuer même ciel et terre, pour que la France détermine la somme des subsides à deux millions d'écus par an, et qu'elle nous en fasse payer d'abord la somme d'un million d'écus, pour que je puisse m'en aider pour faire mes magasins et les autres arrangements très nécessaires pour soutenir la guerre. B pourra dire que je ne trompe point là-dessus le roi de France, ni ne cherche d'en tirer profit, mais que la France jugerait ellemême ce qu'il me faudrait faire de dépenses pour soutenir trois armées qui devaient agir en différents lieux. Au reste, je suis de votre sentiment que, si le roi d'Angleterre et les États-Généraux tiennent ferme et fort contre la mauvaise volonté de la reine de Hongrie, il ne saura pas manquer que nous n'ayons la paix, auquel cas je crois qu'il ne sera plus alors nécessaire que le sieur de Klinggraeffen continue son poste à Munich, mais que je pourrai me servir plus utilement de cet habile homme d'autre part. Mais, si contre toute apparence notre affaire avec le roi d'Angleterre devait échouer, je crois qu'alors nous pourrions aisément renouer avec la France, qui dissimulera peut-être alors notre chipotage avec l'Angleterre. J'approuve fort ce que vous me proposez dans votre relation du 21 de ce mois par rapport à la manière de faire