<347> vivre en paix et en bonne harmonie avec la cour de Dresde, pourvu que celle-ci voulût une bonne fois finir de machiner contre moi et ne point permettre que mes ennemis passassent par son pays dans le mien, et renoncer aux desseins pernicieux qu'elle avait eus sur mon chapitre. Je crois que Mardefeld fera aussi fort bien de parler de tout cela à milord Hyndford, pour que celui-ci travaille avec lui à redresser le ministre russien.
Outre cela, mon intention est que vous deviez écrire sans perte de temps et par une estafette au ministre anglais Villiers à Dresde, et lui mander tout naturellement tout ce qui s'est passé par rapport à mon entrée dans la Lusace, mais que, nonobstant tous ces avantages que j'avais remportés, je voulais me tenir fort et ferme à la convention d'Hanovre, et que, si les Saxons voulaient encore y accéder, j'étais prêt à me réconcilier avec eux et de retirer alors toutes mes troupes de la Saxe, aussitôt qu'ils auraient accédé à ladite convention, et qu'il ne dépendrait que d'eux à présent de m'avoir pour ami ou ennemi. Vous devez même écrire à ce ministre anglais à Dresde que, vu la situation où j'étais avec sa cour, je le recherchais de déclarer tout ce que je viens de dire, au comte de Brühl et même au roi de Pologne, et que le ministre anglais pouvait être assuré qu'il n'aurait de ma part jamais quelque démenti à craindre, s'il voulait déclarer au roi de Pologne et à son ministre tout ce que je viens de vous mander.
Vous verrez par tout ceci que ce n'est point ma faute, si je n'ai pas la paix avec mes voisins. Vous ne manquerez pas d'informer Andrié le plus tôt le mieux de tout ce détail.
Dans ce moment, on vient de me rapporter qu'un détachement de mes troupes est entré dans Görlitz, qu'on y a trouvé tout le magasin des Autrichiens, que les Autrichiens se sont encore retirés aujourd'hui plus en avant vers la Bohême, d'abord qu'ils se sont aperçus de mes hussards que j'ai envoyés pour les reconnaître, et qu'on y a pris encore à Görlitz 200 Saxons du régiment de la garde avec plusieurs officiers. Vous n'oublierez pas de faire faire une relation de tout ce qui s'est passé ici, pour la faire mettre dans les gazettes publiques, afin de rassurer d'autant mieux le public à Berlin. Sur quoi, je prie Dieu etc.
Federic.
Nous avons Görlitz, et soyez tranquille de ce côté ici.
P. S.
Après avoir fini cette dépêche, je viens de recevoir vos lettres du 23 de ce mois. Je crois que, par tout ce que je viens de vous mander, vous verrez que vous n'avez pas lieu de vous presser trop sur l'envoi des choses précieuses et des archives à Stettin ou à Spandau, mais que tout pourra rester à Berlin, pourvu que les succès du prince d'Anhalt répondent à ce que j'attends de lui.
Federic.