<15> témoignera toutes les attentions et tous les égards que la bienséance et l'usage demandent. Et encore que pendant les derniers troubles le comte de Bestushew n'ait manifesté que trop sa mauvaise volonté contre moi, le sieur de Klinggraeffen ne laissera pas de le dissimuler et d'entretenir avec lui une feinte cordialité, comme avec le ministre de la puissance sur l'amitié et l'alliance de laquelle je comptais avec le plus de certitude, en lui prodiguant de temps en temps les protestations les plus énergiques de mon estime pour sa souveraine et de mon attachement inaltérable pour sa personne et pour ses intérêts. Il tâchera de même de lier et d'entretenir un commerce d'amitié avec le ministre de la cour de Vienne et évitera soigneusement de ne lui laisser entrevoir aucune défiance ni jalousie, sans se fier néanmoins tout-à-fait à lui et sans oublier de bien éclairer toutes ses démarches. A l'égard du ministre de France, le sieur de Klinggræffen se bornera à un simple commerce de politesse, sans chercher ni prendre avec lui des liaisons particulières. Il ne manquera pas, à la vérité, de l'assurer dans l'occasion de ma constante amitié pour la France et de mon attention à entretenir sans interruption et à cultiver de mon mieux la bonne intelligence où j'avais la satisfaction de vivre avec cette couronne, mais il aura soin de ne faire ces sortes de protestations qu'en termes vagues et généraux, et qui ne soient pas sujets à des interprétations propres à faire naître des soupçons. Il en usera avec moins de réserve à l'égard des ministres des Puissances maritimes, auxquels il pourra donner de plus fortes assurances de mon estime pour leurs maîtres et de mon attachement à leurs intérêts; mais il tâchera de lier une amitié étroite avec le ministre de Suède1 et lui donnera entièrement sa confiance, ses bonnes intentions pour mes intérêts m'étant pleinement connues. Aussi le sieur de Klinggræffen ne manquera-t-il pas de lui faire part de cet article, en tant qu'il le regarde, et de l'asurer de mon affection et de mon estime pour sa personne.

9° Le dernier traité de paix ayant déterminé ma position à l'égard de la Saxe et devant servir de règle dans les contestations qui pourraient survenir entre nous, le sieur de Klinggræffen trouvera ci-joint copie dudit traité, de même que du cartel de l'an 1741 qui y est renouvelé et confirmé, et il veillera à ce que ces dispositions s'observent fidèlement du côté de la Saxe et que les engagements auxquels on n'a pas encore satisfait jusqu'ici s'accomplissent incessamment.

10° Telle est la disposition de l'article 7 du traité de paix, touchant le troc de Fürstenberg et de Schidlo contre un équivalent. Le terme de six semaines qui y est stipulé pour la nomination des commissaires, va expirer en peu de jours. J'ai déjà nommé les miens et les ai munis des instructions nécessaires. Le sieur de Klinggræffen les trouvera à la suite de la présente, et elles le mettront au fait de mes intentions.



1 Wulfwenstjerna. Vergl. Bd. IV, 337. 385.