<350> attention. C'est aussi pourquoi elle ne laisse pas plus de troupes en Hongrie qu'elle ne croit nécessaires pour en former quelque corps, en cas qu'elle ait à craindre d'être attaquée ou du côté de la Silésie ou du côté de l'Orient.

Je ne doute presque pas qu'il ne doive y avoir du mécontentement réciproque entre les cours de Vienne et de Londres, et cela par plus d'une raison. Cette dernière est mécontente de celle de Vienne parcequ'elle a fait représenter depuis quelques jours par son ministre à Londres, le sieur Wasner, que l'Angleterre dût avoir égard à la situation de l'Impératrice-Reine et ne pas exiger d'elle à la rigueur le contingent de troupes qu'elle s'était engagée d'avoir dans les Pays-Bas; et la cour de Vienne sera réciproquement mécontente de celle de Londres parceque les ministres anglais ont rejeté, à ce que j'apprends par mes nouvelles d'Angleterre, le projet de convention préliminaire fait à Pétersbourg entre les ministres d'Autriche et d'Angleterre et entre la cour de Russie pour l'envoi de 30,000 Russiens que l'Angleterre devait soudoyer, au secours de la reine de Hongrie contre la France. Ce refus du côté de l'Angleterre a été fait non seulement par l'impossibilité et les inconvénients qui doivent résulter pour transporter ces troupes, mais, de plus, pour les sommes considérables qu'il aurait fallu pour cela. La cour de Vienne doit être d'autant plus piquée de ce refus de l'Angleterre que tout ce projet de convention préliminaire fait à Pétersbourg a été l'ouvrage du général Pretlack, qui y à entraîné le lord Hyndford; à quoi on a fait consentir le grand-chancelier Bestushew, qui l'a fait envisager à sa souveraine comme une affaire faite et conclue, qui s'est mise là-dessus à des frais considérables pour rendre mobiles ses troupes, frais qui sont perdus, à présent que l'Angleterre ne veut point se charger de soudoyer ces troupes ni de la dépense de leur transport. J'ai cru devoir vous instruire de toutes ces nouvelles, afin que vous soyez d'autant mieux en état d'observer ce qu'on pensera là-dessus là où vous êtes.

Au reste, je suis fort satisfait de la façon dont vous vous êtes expliqué au comte d'Ulfeld touchant la brochure intitulée Fautes politiques;1 aussi devez-vous insister sur la satisfaction demandée, et représenter les inconvénients où l'on s'exposerait, si, en me refusant la satisfaction que j'étais en droit de demander, on me forçait contre mon génie et contre mon goût à user de représailles, en donnant libre cours dans mes pays à tout ce qui se publiait contre la cour de Vienne.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 178.