<81> Prusse; et que c'est en conséquence de ce projet que les ministres impériaux à Pétersbourg travaillent présentement au renouvellement de l'alliance de l'année 1726, étant assurés sous main qu'aussitôt qu'on y serait parvenu, on trouverait bien moyen d'engager l'Impératrice à changer la nature de cet engagement, qui n'est que défensif, et de le rendre offensif. Il s'agit donc de pénétrer avec certitude s'il y a de la réalité dans ces avis, ou si ce ne sont que de simples conjectures, et, au premier cas, quelles dispositions et quels arrangements la cour de Vienne fait présentement pour l'exécution d'un pareil dessein, combien de troupes elle entretient actuellement ou compte de tenir dans la suite dans ses pays héréditaires, en Bohême et en Moravie, et principalement en Hongrie du côté de Jablunka. Enfin, tout ce qui peut avoir rapport de près ou de loin à ce grand objet, doit être celui de l'attention du comte de Podewils, et il faut qu'il emploie toute sa dextérité et toute sa vigilance pour déterrer ce qui se peut machiner contre moi, de manière toutefois qu'il ne laisse entrevoir aucune défiance ni inquiétude à ce sujet, et qu'extérieurement il paraisse être pleinement assuré des bonnes intentions de la cour impériale à mon égard. Il faut encore qu'il examine scrupuleusement les avis qu'on lui donne et les apparences qui se présentent, pour démêler autant qu'il est possible le vrai d'avec le faux, les réalités d'avec de simples soupçons et conjectures. Il doit, à la vérité, me rapporter exactement tout ce qui lui en revient, mais il faut aussi qu'il m'en marque les sources et toutes les particularités qui peuvent servir à constater la probabilité ou le peu de vraisemblance de ces sortes d'avis.
12° Le second grand objet de son attention doit être de découvrir les véritables dispositions de la cour de Vienne par rapport à la paix future; quels sacrifices elle pourrait se résoudre de faire tant à la France aux Pays-Bas, qu'à l'Espagne pour l'établissement de l'infant Philippe en Italie; quel parti elle choisira vraisemblablement au cas que la France forçât les Hollandais à un accommodement séparé ou à la neutralité, et que la révolte continuât et se soutînt en Écosse; si en pareil cas la cour de Vienne, qui chipote déjà avec celle de Versailles, ne serait pas d'humeur de faire un pont d'or aux deux couronnes pour se débarrasser d'elles à quelque prix que ce fût, principalement dans la vue d'employer ensuite toutes ses forces contre moi et de me ravir, de concert avec la cour de Pétersbourg, mes conquêtes, aussitôt qu'elle aurait les bras libres.
13° Le comte de Podewils ne sera pas moins attentif à pénétrer les dispositions présentes de la cour impériale à l'égard des Saxons. Naturellement on devrait être mal satisfait à Vienne de la cour de Dresde, depuis que celle-ci a refusé aux Puissances maritimes le corps auxiliaire qu'elles y faisaient négocier, et que, de plus, elle s'est engagée, à ce que l'on prétend, par une convention secrète avec la France, moyennant un subside annuel de 1,500,000 livres, de ne point donner