<90> de vouloir entrer en mon service. En ce cas, il n'a qu'à décliner leurs offres d'une bonne manière et sans affectation, en s'excusant sur ce qu'il n'avait aucun ordre et n'osait pas même se mêler du militaire, et que d'ailleurs, autant qu'il lui était connu, j'étais suffisamment pourvu de bons officiers. J'excepte du nombre le sieur Frenquiny, dont il pourra écouter et me rapporter les propositions, sans pourtant y paraître.

6° Il me mandera toutes les nouvelles que la cour recevra, et il s'étendra principalement sur celles d'Italie. De quelque nature qu'elles puissent être, il n'en témoignera ni joie ni chagrin, et lorsqu'on lui en parle, il y répondra d'une manière à faire sentir que c'étaient des choses qui m'étaient entièrement indifférentes.

7° Comme l'armement de Russie peut avoir deux objets, l'un de me tenir en échec pour m'empêcher de me lier de nouveau avec la France, afin de procurer un établissement à l'infant Philippe, comme on m'en soupçonne à Vienne, et que d'ailleurs la cour de Londres est bien aise d'intimider par là les cours de Stockholm et de Copenhague et les éloigner d'une plus étroite union avec moi; l'autre, de faire une diversion en Prusse pour faciliter à la cour de Vienne le moyen de me reprendre la Silésie — le comte de Podewils ne négligera rien pour savoir au juste à quoi j'ai à me tenir sur ce sujet, et pour approfondir ce qui se trame entre les cours de Vienne, de Pétersbourg et de Dresde, qu'on dit y donner également les mains. Pour cet effet, il observera avec soin les allures du ministre de Russie. Il tâchera aussi de profiter du caractère emporté d'un des ministres autrichiens1 pour en tirer des éclaircissements sur ce sujet, soit en le contredisant à propos, soit d'une autre façon convenable qui ne le commette point. Il prendra garde aussi à la manière dont on le recevra, et il m'en fera des rapports détaillés, parcequ'il est apparent qu'on aura à la cour de Vienne plus ou moins d'attention pour lui suivant l'intention où l'on y sera à mon égard, et selon qu'on s'y sentira adossé par la cour de Russie.

8° Dans la persuasion où sont les cours de Vienne et de Dresde que je m'opposerai au dessein qu'elles ont de mettre sur le trône de Pologne un des fils du Roi d'aujourd'hui, et que par là elles trouveront moyen de me brouiller avec les Polonais, les ministres autrichiens tâcheront peut-être de sonder le comte de Podewils là-dessus et d'en tirer des explications capables de me desservir auprès les Polonais. C'est pourquoi il doit être extrêmement sur ses gardes et se tenir clos et boutonné sur cette matière; mais en cas qu'en lui en parle, et que les circonstances l'obligent à y répondre, il n'a qu'à dire en termes généraux et vagues qu'il doutait que je me mêlasse jamais des affaires qui ne me regardaient pas directement, et que, le royaume de Pologne étant purement électif, c'était aux Polonais à décider du choix de leur roi.

9° Comme il m'est revenu que l'Empereur et l'Impératrice douairière étaient encore les mieux intentionnés pour mes intérêts, il tâchera



1 Ohne Zweifel Bartenstein.