2289. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 22 juillet 1746.
J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite le 9 de juillet, et suis fort satisfait de la manière dont vous avez agi, lorsque vous avez entretenu le Grand-Chancelier touchant le rescrit que vous savez.144-1 J'approuve tout-à-fait que vous ne lui ayez point donné ni copie de ce rescrit, ni quelque autre chose par écrit; aussi ne devez-vous pas vous y prêter, mais faire semblant plutôt comme si vous vous contentiez de la réponse qu'il vous a donnée.144-2 D'ailleurs, je crois qu'il ne sera pas<145> nécessaire de vous empresser trop, jusqu'à ce vous soyez plus éclairé quelle face les affaires pourront prendre; et comme j'espère que toutes les mauvaises et fausses impressions qu'on a voulu faire à l'Impératrice, ne porteront point coup, ni ne se soutiendront toujours, vous n'avez qu'à vous tenir tranquille, en continuant d'être fort attentif sur tout ce qui se passe.
Je viens d'être assuré de fort bon lieu que la conduite que la cour de Russie tient depuis quelque temps, n'est proprement qu'une démarche que la cour de Vienne a fait faire à celle-là pour me tenir en échec, afin que je ne puisse pas faire quelque diversion en faveur de la France, pendant que la cour de Vienne envoie la plus grande partie de ses troupes en Italie et en dégarnit toute la Bohême et ses autres provinces héréditaires en Allemagne. On m'a fort assuré que dans le traité que la cour de Pétersbourg a fait avec celle de Vienne, il ne s'agit que d'une alliance défensive; le ministre anglais ici vient aussi de m'assurer fort et ferme que, comme c'était l'intérêt de la Grande-Bretagne même qu'il ne s'élevât pas de nouveaux troubles dans le Nord, je pouvais compter que ni la Russie ni l'Autriche ne remueraient, tant que je serais en bonne harmonie avec l'Angleterre,
Comme je sais de science certaine que le traité de subsides entre la France et la Saxe a été signé, dans le mois d'avril passé, pour trois ans, et que la Saxe en a tiré actuellement la moitié des subsides d'une année, et que vous croyez que cela pourrait indisposer le Grand-Chancelier contre les Saxons, il serait à souhaiter que vous puissiez trouver l'occasion pour l'en faire avertir sous main; mais il faudrait pour cela que vous n'y paraissiez absolument pas et que vous l'en avertissiez par la troisième ou quatrième main, afin de n'en être pas même soupçonné. Si l'ami dont vous me parlez dans un post-scriptum à part,145-1 reste en crédit, il faut bien que sa pension continue. Le comte de Woronzow a passé par ici, je lui ai parlé moi-même et je l'ai trouvé dans de fort bonnes dispositions, tellement que je suis encore bien plus satisfait de lui que du temps qu'il arrivait la première fois chez nous. Il compte d'être le 1er de septembre à Pétersbourg.
Federic.
Nach dem Concept.
144-1 D. d. 30. April, S. 75.
144-2 Bestushew hatte sich auf einen Befehl der Kaiserin berufen, der ihm verbiete, „de prendre aucune affaire d'importance ad referendum, si on ne le donne pas par écrit.“ Auf Mardefeld's Frage, was er dem Könige berichten solle, antwortet ihm Bestushew zum Schlüsse der Conferenz: „Versichern Sie Ihrer Königl. Majestät, dass ich alles, was von mir dependiret, beitragen werde, dass das genaue Vernehmen zwischen beiden höchsten Häuptern beständig subsistiren möge.“
145-1 Graf Brummer.