2351. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN
Potsdam, 23 septembre 1746.
Monsieur de Podewils. J'ai vu par votre lettre le soin avec lequel vous allez expédier mes dépêches pour Andrié; j'en ai fait hier une très ample à votre neveu pour Vienne, dans laquelle je lui fais toutes les<193> objections que je puis imaginer contre le raisonnement erroné de la cour de Vienne, qui quitterait les Français pour me faire la guerre sans raison et sans sujet; je l'ai informé de la rétrogradation des troupes russiennes, ce qui fait paraître la conduite de la cour de Vienne encore plus singulière. C'est une disparate, et je ne conçois pas que cette cour, après avoir mis fin à la guerre qu'elle a contre la France, malgré la garantie des Anglais revînt contre la paix de Dresde et m'attaquât sans alliés. Dans le fond, je crois qu'il y a beaucoup d'ostentation et d'impertinence dans la conduite des Autrichiens, mais pas un dessein formé de m'attaquer; ils veulent flatter leur fierté, et ils se croiraient au comble de leur bonheur, s'ils pouvaient m'intimider. Malgré tout cela, il faut agir comme si Hannibal était ad portas, et se ressouvenir que la vigilance est la mère de la sûreté. Sur quoi, je prie Dieu, Monsieur le Comte, de vous avoir en sa sainte garde.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.