2382. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VARSOVIE.
Potsdam, 22 octobre 1746.
J'ai bien reçu votre relation du 12 de ce mois et approuve parfaitement le système que vous vous êtes prescrit, qui est tel qu'on ne le saurait mieux imaginer, dans les circonstances présentes, pour faire mes affaires pendant cette Diète en Pologne. Mais je ne saurais pas encore gagner sur moi de vous faire des remises en argent pour en distribuer à cette Diète-ci, puisque je continue à être du sentiment que je vous ai déjà marqué, savoir que, s'il y a un parfait concert entre les cours de Russie et de Saxe de vouloir faire réussir à tout prix les desseins de cette dernière, je n'y saurais remédier tout seul dans le temps où nous sommes, et tout mon argent que j'aurais en attendant employé à faire des distributions, serait jeté comme dans l'eau. Mais si les deux cours susdites ne veulent ni ne peuvent soutenir de force le concert pris entre eux, tous leurs desseins n'aboutiront à rien, et la Diète s'écoulera, sans que j'aie besoin de dépenser du mien, l'argent que la France y a destiné étant assez suffisant alors. D'ailleurs, si, la Diète finie, la cour de Saxe veut former une confédération, vous dites vous-même qu'on ne l'en saura empêcher, mais il est indubitable qu'en même temps le parti contraire en Pologne en formera une autre, sans que j'aurai besoin de m'y mêler, et reste à savoir encore d'où la cour<215> de Saxe et même de Russie trouveront des ressources assez suffisantes pour soutenir la gageure.
Sur ce qui est des Czartoryski et des Poniatowski, j'avoue que je ne suis pas assez instruit des affaires de Pologne pour savoir juger d'où il pourrait venir à ces deux familles un acharnement si opiniâtre, comme vous le marquez, à mon égard; je suis plutôt d'opinion que c'est l'esprit de vengeance du comte de Brühl qui anime ces deux familles, afin de par là, s'il est possible, m'envoyer un jour au corps les Russes, les Autrichiens et les Polonais.
Federic.
Nach dem Concept.