2450. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.
Berlin, 9 décembre 1746.
Selon la lettre que vous venez de me faire au sujet de la dernière dépêche de Warendorff, vous croyez que je ne saurais m'empêcher à faire faire la communication de ce que le comte Woronzow demande relativement à l'affaire de Ferber.257-3 Je ne suis pas de votre sentiment, par plus d'une raison. Premièrement, si j'ai fait communiquer audit comte les deux pièces détestables que Ferber eut composées, selon ce qu'il en a déclaré lui-même, à l'instigation de quelques ministres russiens qui lui en ont fourni les matériaux, je ne l'ai fait que par un motif d'amitié et de confiance, pour l'informer seulement des noirs desseins qu'on avait eus de me brouiller avec l'Impératrice, toujours cependant à condition qu'il n'en ferait point d'éclat. En second lieu, il faut con<258>sidérer que, tout vrais que sont les éclaircissements que Ferber a donnés sur ces deux pièces, ils ne sont cependant pas propres à en faire l'usage que le comte Woronzow croit de pouvoir en faire, parceque le grandchancelier Bestushew n'y paraît pas assez, et que nous n'avons ni quelque lettre de lui ni quelque autre preuve en mains par où l'on pût convaincre qu'il soit entré dans cet abominable complot. Troisièmement, si le comte de Woronzow fait de l'éclat sur cette affaire et qu'il manque son coup, j'aurai pour toujours le Grand-Chancelier pour ennemi irréconciliable, qui tâchera par toutes sortes de moyens de s'en venger sur moi. D'ailleurs, je ne veux absolument pas me mêler directement des affaires de ces deux ministres, ni y paraître ouvertement, mais laisser plutôt tirer un autre les marrons hors du feu. Par toutes ces considérations donc, je crois être plus convenable à mes intérêts de remercier le comte Woronzow de la bonne intention qu'il a fait encore paraître sur ce sujet-ci, en le priant de laisser cette affaire là où elle est.258-1
Quant à votre introduction dans le collége des ministres d'État, j'aimerais mieux que vous laissiez écouler encore quelque temps, avant que d'y procéder, pour ne pas fournir l'occasion à vos ennemis à Pétersbourg d'insinuer à l'Impératrice que, malgré le mécontentement qu'elle avait fait paraître à votre sujet, on n'avait pas laissé que de vous combler de distinctions immédiatement après votre arrivée ici, pour témoigner par là publiquement le mépris qu'on avait pour elle.
Federic.
Nach dem Concept.
257-3 Vergl. S. 206.
258-1 In diesem Sinne wird Warendorff am 10. December durch einen Erlass aus dem Ministerium beschieden.