2474. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 27 décembre 1746.

J'ai bien reçu les relations que vous m'avez faites le 10 de ce mois. On ne saurait être plus sensible que je l'ai été aux assurances que le comte de Woronzow vous a données de son amitié inaltérable envers moi, mais tous ses amis ici se confirment dans le sentiment qu'aussi longtemps que le Chancelier restera en place et s'arrogera de manier les affaires lui tout seul, le comte Woronzow aurait toujours à craindre les manigances du Chancelier, et qu'il serait donc indispensablement nécessaire qu'il prit ses mesures et qu'il assemblât tout ce qu'il aurait d'amis en Russie, pour tomber tout d'un coup sur le corps de son antagoniste, afin de le mettre hors d'état de lui pouvoir nuire.

On vient de me mander de Venise qu'on regarde à Constantinople le renouvellement de l'alliance entre les cours de Vienne et de Pétersbourg comme l'avant-coureur infaillible de la guerre qu'on préparait à la Porte du moment que la paix serait faite entre les princes chrétiens; on prétend même qu'une des conditions entre la Porte Ottomane et la Perse doit être que le schah Nadir se joindra aux Turcs, pour attaquer la Russie du côté d'Astracan. Ce qui doit être sûr, c'est que la Porte, après la conclusion de la paix, avait appelé le khan des Tartares pour convenir des moyens d'attaquer la Russie, en même temps qu'on revendiquerait le Banat et la Transylvanie sur la cour de Vienne. Comme toutes ces affaires-là méritent fort mon attention, vous devez y être bien attentif et m'apprendre tout ce qui en viendra à votre connaissance là où vous êtes.

Federic.

Nach dem Concept.

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