2531. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 14 février 1747.

Vos dépêches du 28 du janvier dernier m'ont été rendues. Il faut que la cour de Pétersbourg ait des besoins bien pressants du côté d'Astracan, si elle dégarnit la forteresse d'Orenburg de troupes, et l'on peut inférer de l'envoi du lieutenant-général Soltikow aux lignes, qu'on craint effectivement une invasion de la part des Tartares de la Crimée. Mais j'ai bien de la peine à- combiner toutes ces nouvelles avec la résolution que selon votre post-scriptum chiffré la cour de Pétersbourg vient de prendre d'envoyer au secours de la reine de Hongrie un corps de 30,000 hommes aux Pays-Bas. Ce serait, selon moi, trop embrasser à la fois, d'autant plus que la reine de Hongrie n'est pas en droit d'exiger ce secours, à moins qu'il n'y ait une convention postérieure au traité d'alliance. D'ailleurs, on ne transporte pas si aisément par mer un si grand nombre de troupes, par un trajet si long, et je me doute ou de quelque autre dessein de la cour de Pétersbourg, ou que ce qu'on veut transporter se réduira à ces 12,000 hommes que l'impératrice des Russie doit à l'Angleterre, selon leur traité, et qu'on y emploiera les sept régiments auxquels on a donné ordre de marcher aux frontières de Finlande; encore ce transport-là rencontrera de grandes difficultés.

Il faudra donc que vous prêtiez toute votre attention pour bien démêler ces circonstances et pour être au fait, si effectivement on veut transporter un pareil corps de troupes aux Pays-Bas, et si l'on fait actuellement les arrangements qu'il faut pour un tel transport; encore je serais fort curieux de savoir le temps quand on voudra le mettre en mer. Enfin, vous tâcherez soigneusement de me faire des rapports bien exacts sur tout ce qui regarde cette affaire-ci. Vous devez en même temps être bien attentif sur les nouvelles qu'on a du côté de la Turquie et de la Perse, pour être à même de m'en avertir.

La démarche que le digne comte de Woronzow a été obligé à faire contre toute la bienséance, de montrer la lettre qui lui a été écrite du baron de Mardefeld, ne me laisse presque pas douter de la<321> supériorité que son antagoniste a pris sur lui; je crois ses intentions fort bonnes, mais qu'il ne trouvera plus l'occasion de les réaliser.

Federic.

Nach dem Concept.