2586. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.
Berlin, 4 avril 1747.
J'ai bien reçu votre dépêche du 1er de ce mois. Quant à l'accession de la Saxe au traité entre les cours de Vienne et de Pétersbourg, j'ai appris d'assez bon lieu que le comte Esterhazy, étant chargé d'en faire l'invitation à son retour à Dresde avec tout le secret possible, n'a pas voulu en parler directement au premier ministre, pour que ni vous<356> ni l'ambassadeur de France ne vous aperçussiez de rien, et qu'il s'est adressé au père Guarini pour faire parvenir par celui-ci sa proposition au comte de Brühl; que la réponse qu'il avait eue là-dessus, était que la Saxe ne saurait accéder purement et simplement à ce traité, mais qu'on communiquerait un projet par écrit au comte Esterhazy où l'on s'expliquerait sur les conditions auxquelles on était prêt d'accéder à ce traité. J'ai bien voulu vous faire part de cette anecdote, afin que vous en puissiez faire confidence à l'Ambassadeur,356-1 à qui cependant vous ne devez jamais dire d'où elle vous est parvenue.
Les nouvelles assurances que le comte de Brühl a données à l'Ambassadeur que les Russes ne passeraient point en Allemagne, ne visent sûrement à autre chose qu'à me donner malicieusement des inquiétudes sur les démonstrations guerrières des Russes. Je suis d'ailleurs bien persuadé que la cour de Dresde ne souhaiterait mieux que de me voir aux prises avec la Russie, pour m'assaillir de nouveau lorsqu'elle me verrait assez occupé avec cette puissance. J'espère cependant que son attente ne sera point remplie à ce sujet, et je crois pouvoir être tranquille sur les desseins de la Russie; mais, si contre toute mon attente celle-ci voulait à moi, je saurais à coup sûr prendre ainsi mes mesures pour que les projets de mes ennemis fussent bien dérangés.
Au reste, voilà l'accomplissement, par la réponse par écrit que le comte de Brühl vous a envoyée,356-2 de ce que je vous ai toujours prédit sur la manière dont votre négociation se finirait, et je connais trop ce personnage pour que je dusse jamais être sa dupe.
Federic.
Nach dem Concept.
356-1 Des Issarts.
356-2 In der vom Grafen Brühl dem preussischen Gesandten zugestellten Note, die dieser seinem Bericht vom 1. April beigefügt hatte, heisst es: „ :Nachdem aber, soviel den beschehenen Antrag eines von neuem zu schliessenden Freundschaftsund Garantievertrages betrifft, Ihro Königl. Majestät in Preussen zur Genüge beiwohnet, wasmaassen das von Ihro Königl. Majestät in Polen mit Ihro Russisch Kaiserl. Majestät vor geraumer Zeit eingegangene reciprocirliche Engagement ausdrücklichen Inhalts verlanget, dass Ihro Königl. Majestät Sich mit andern Puissancen ohne Ihro Russisch Kaiserl. Majestät Vorwissen und Gutfinden Sich in keine neue Tractate und Bündnisse einlassen wollen, so werden Ihro Königl. Majestät in Preussen von Selbst höchsterleuchtet ermessen, welchergestalt Ihro Königl. Majestät in Polen Sich nicht füglich entbrechen können, bewandten Umständen nach vor allen Dingen an Ihro Russisch Kaiserl. Majestät vertrauliche Eröffnung und Communication von obberührtem Vertrage zu thun.“