2839. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 18 novembre 1747.
J'ai vu, par ce que vous m'avez mandé dans votre dépêche du 6 de ce mois, que je n'ai pas rencontré tout-à-fait mal dans les doutes que j'ai eus sur la conduite de la France à mon égard, et j'applaudis aux raisons que vous m'en alléguez. N'y a-t-il pas moyen que vous puissiez convaincre une bonne fois ces gens que, dans les circonstances où sont actuellement les affaires, ce n'est ni moi ni qui ce soit des puissances neutres qui puisse obliger les ennemis de la France de se prêter à une paix raisonnable? et d'ailleurs, ont-ils déjà entièrement oublié la façon dont ils m'abandonnèrent dans la dernière guerre que j'ai eue contre la reine de Hongrie, et surtout dans la dernière campagne que je fis l'année 1745, où toutes les instances que je leur fis pour m'aider dans les moments les plus pressés où je fus alors, furent inutiles, pourqu'ils veuillent prétendre à présent que je doive me mettre derechef à la brèche? Au moins crois-je bien fort que vous puissiez trouver l'occasion de leur en rafraîchir la mémoire, quoiqu'il faudra que vous le fassiez sans aigreur et d'une manière sans leur en faire des reproches, mais plutôt d'une façon adroite, en tournant votre discours de la manière qu'ils seront eux-mêmes obligés d'avouer la mauvaise façon dont ils ont agi avec moi.
Federic.
Nach dem Concept.