<141> Vienne a voulu se servir des Russes contre moi. Mais outre que la reine de Hongrie, quand même elle serait aidée de la Russie, ne serait pas en état d'entreprendre, et moins encore de pouvoir espérer d'exécuter avec succès un projet de pareille importance, sans y être soutenue par des subsides de quelque puissance étrangère, les puissances qui ont conclu les préliminaires m'ont une fois donné leurs garanties, et la reine de Hongrie venant d'accéder à ces dits préliminaires, la corde concernant la Silésie est devenue de nature à ne pouvoir être touchée sans que les puissances les plus respectables de l'Europe n'y dussent prendre part.

Cependant, ce que je viens de vous dire, ne doit point vous retenir d'être fort attentif et de faire votre possible pour découvrir les trames des Autrichiens et savoir le mystère d'iniquité qu'il peut y avoir entre eux et le comte Bestushew. Je yeux encore vous marquer, avant que de finir, que, comme je me trouve actuellement en fort bonne intelligence avec l'Angleterre, de sorte que selon toutes les apparences je pourrai me lier dans peu fort étroitement avec cette dernière, vous pourriez et vous devez même en toucher quelque chose confidemment à milord Hyndford, en lui témoignant d'ailleurs de la confiance, pour voir comment il y répondra de son côté et s'il y aura moyen que vous puissiez vous procurer une confiance réciproque de sa part; en quoi vous réussirez, je m'imagine, d'autant plus facilement qu'il est à croire que ce ministre aura déjà reçu des ordres de sa cour à cet égard, ou qu'au moins il ne tardera guère d'en recevoir.

Federic.

Nach dem Concept.


3113. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 16 juin 1748.

J'ai vu avec satisfaction, par votre rapport du 14 de ce mois, de quelle manière le chevalier Legge s'est expliqué sur les insinuations que vous lui avez faites touchant les griefs de nos marchands par rapport aux pirateries que les armateurs anglais ont exercées sur eux, et je ne doute nullement que les instances qu'il fera à ce sujet, ne soient d'un bon effet. Quoique je n'aie pas douté que, le calme rétabli, les Anglais n'auraient pas manqué de rendre à nos marchands les prises qu'ils ont faites sur eux, j'espère cependant que sur les instances du chevalier Legge on fera d'autant plus promptement justice à mes sujets, et que tout se fera avec d'autant plus de bonne grâce.

Je m'embarrasse peu de la forte jalousie que les Saxons font paraître sur mon inclusion dans les préliminaires de paix et sur la bonne intelligence entre moi et le roi d'Angleterre dont ils commencent à se douter par les voyages réitérés du chevalier Legge à Potsdam. L'énorme duplicité dont ils en ont agi avec presque toutes les cours respectables, mérite qu'on les traite avec mépris et que l'on ne se soucie point d'eux;