3204. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Charlottenbourg, 12 août 1748.
Je suis satisfait, autant qu'on peut l'être, de votre dépêche du 27 de juillet dernier, et je vous dois le contentement de vous dire que rien ne surpasse la manière dont vous approfondissez et jugez des occurences dont vous faites mention. Mes avis de Suède portent que le sieur Wulfwenstjerna sera envoyé ici en qualité de ministre de Suède, et que le baron de Höpken qui y réside actuellement de la part de cette couronne, le relèverait de son poste à Pétersbourg. Ce dernier est en effet un digne homme, il est aussi des bien intentionnés, mais il s'en faut de beaucoup d'ailleurs qu'il soit autant routine dans les affaires que le sieur Wulfwenstjerna.
Federic.
Nach dem Concept.
3205. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Charlottenbourg, 12 août 1748.
On vient de me confirmer de très bonne part de Pétersbourg que la mort prochaine du roi de Suède y faisait un objet qu'on ne perdait pas de vue à la cour de Russie, qu'on en pouvait juger par les démonstrations qu'on recommençait déjà actuellement, par les bruits que cette dite cour faisait courir, et par l'affectation d'insérer dans la gazette de Pétersbourg les préparatifs que l'on faisait. Qu'on venait encore d'annoncer par la dernière un achat considérable de blé et d'avoine pour l'augmentation des magasins en Finlande; qu'il était vrai qu'il n'y avait rien de si pitoyable que ces sortes d'avertissements, et que la parade même que l'on en faisait devait servir à rassurer les Suédois; que ce n'était aussi pas là ce qui devait faire le plus de peine; qu'on devait bien craindre davantage les fréquentes allées et venues entre M. de Cheusses et le Chancelier, qui recommençaient tout de belle depuis quelque temps, et qui pourraient bien aboutir, au bout du compte, à un concert entre les deux cours relativement au même objet, et que c'était là une circonstance qui méritait toute l'attention de la Suède. Que la flotte russienne était encore, il y avait peu de jours, à la rade de Kronstadt, au nombre de dix-sept à dix-huit gros vaisseaux; qu'en attendant L'Élisabeth était encore dans le port de Kronstadt, et que l'on y travaillait nuits et jours. Il y avait des gens qui prétendaient que les 1,000 cosaques qui ont passé par Pétersbourg et qui s'en tenaient encore à un quart de lieue, étaient destinés pour la Finlande.
Après que vous aurez déchiffré vous-même ce que dessus, je veux que vous preniez occasion d'en faire la lecture à la princesse royale de Suède, et que vous lui représentiez ensuite que ces avis confirmaient à