<329> guerre qui vient de finir, et des avantages peu considérables que chaque puissance belligérante en avaient tirés, avaient fini par dire : « Il faut convenir qu'il semble que nous n'ayons tous fait la guerre que pour rendre le roi de Prusse plus grand. » Et comme la France et l'Angleterre craignent peut-être que Votre Majesté et ce qui tient à Son système ne voulût les remettre dans le même cas, ils croient s'en garantir en suivant entr'eux un système de confiance et de bonne intelligence. L'article seul qui pourrait y apporter quelque altération est, si la France fait sérieusement ce qui est nécessaire pour le rétablissement de sa marine; hors cet article-là, qui est le principal pour l'Angleterre, dès que ces deux puissances voudront s'entendre sincèrement pour empêcher la guerre, elles sont persuadées qu'elles contiendront toute l'Europe. H peut arriver cependant bien des choses qui pourraient les faire sortir de ce plan; mais à vue de pays, par ce que je démêle toujours de plus en plus ici, on y fera tout ce qu'on pourra pour ne pas recommencer la guerre sitôt, et je sais que cela est conforme à ce que désire sur cela le roi de France, et que c'est le service dans son esprit que de le servir ainsi.
Nach dem Concept. Der Précis nach dem Déchiffré der Ausfertigung.
3403. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Berlin, 31 décembre 1748.
J'ai été extrêmement satisfait de la dépêche très instructive que vous m'avez faite en date du 20 de ce mois. Elle m'a répandu de grandes lumières sur bien des choses et sur la façon dont j'aurai à me gouverner dans les affaires les plus importantes, parceque je me vois par là à même de prévoir la tournure que les affaires iront prendre dorénavant. Je crois pouvoir en conclure deux choses, premièrement que, par la faiblesse du gouvernement présent de la France, les Anglais deviendront les maîtres absolus de toutes les grandes affaires, et que les Français leur mettront en main eux-mêmes toute la supériorité; et, en second lieu, que les Anglais, par leurs différentes insinuations à mon sujet, ont su jeter beaucoup de soupçons dans l'esprit du ministère de France sur ma conduite et ma façon de penser. Les discours que vous avez entendus là où vous êtes, savoir qu'on n'a fait la guerre que pour rendre le roi de Prusse plus grand, m'en sont de sûrs garants, et je ne saurais les regarder que comme des étincelles qui sont passées dans le public de ce que l'on a su insinuer au ministère de France à mon égard, ainsi que j'en puis aisément juger de ce qui en est. Au surplus, vous continuerez de voir avec la même attention que vous avez fait jusqu'ici, sur tout ce qui a du rapport à mes intérêts, et de m'avertir exactement de tout ce qui en parviendra à votre connaissance.
Federic.
Nach dem Concept.