<365> je crois pouvoir conjecturer avec raison que la réconciliation entre la France et l'Angleterre sera de peu de durée, et que la première sera commise malgré lui avec celle-ci, de façon que même les apparences d'amitié ne subsisteront plus.

Quant à la cour de Vienne, ceux qui l'observent de bien près, estiment de plus en plus qu'il faut qu'elle couve de fort vastes desseins, et dans mes lettres de Vienne l'on remarque que cette cour-là fait dans le moment présent argent de tout; et quoique dans la caisse destinée d'ailleurs pour acquitter les anciennes dettes il y ait des sommes très considérables, l'on n'en paie néanmoins un sol à personne; que l'Empereur continue à négocier de l'argent avec beaucoup de succès, et qu'on croyait que dans un cas de besoin la cour ne manquerait pas de se servir encore du fonds destiné pour payer les intérêts de la banque, dont on savait positivement qu'il rapportait sept millions de florins par an. Je laisse à votre discernement de communiquer ceci au marquis de Puyzieulx, quand vous y trouverez quelque occasion convenable.

Federic.

Nach dem Concept.


3459. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 8 février 1749.

Par la dépêche que vous m'avez faite du 29 de janvier dernier, il me paraît que vous supposez comme si je doutais que la cour de Vienne ait beaucoup de ressources dans ses finances. Vous vous trompez; au contraire, je crois que, si elle prend bien ses arrangements, elle est assez en état de tirer de ses propres fonds les frais qu'il faut pour faire la guerre, sans le secours de quelque puissance étrangère; mais j'estime, avec tout cela, que l'affreuse confusion où ses affaires sont actuellement encore, la tient hors d'état de les arranger dans un tel ordre où, sans cela, ils devraient l'être.

Quant à la cour de Russie, il sera à voir si elle voudra commencer elle seule le branle; pour celle où vous êtes, vous savez que je n'ai jamais douté de ses mauvais desseins; mais la grande question reste toujours si elle saura les parfaire et si elle, en tout cas, ne saurait être la dupe de ses vastes desseins. Vous pouvez compter que, si une fois la guerre commence dans le Nord, elle deviendra générale, et alors les subsides de la Hollande manqueront à la cour de Vienne, par l'état d'impuissance où la République se trouve d'y pouvoir fournir. L'Angleterre se trouve épuisée par les grands efforts qu'elle a faits dans la dernière guerre, et que deviendront les nouveaux arrangements que l'Impératrice-Reine vient de faire dans ses finances? D'ailleurs, les secours extraordinaires en argent que cette Princesse a tirés autrement de ses provinces, ne sauraient plus suivre; bien au contraire, il pourrait bien arriver que quelques-unes de ces provinces, mécontentes de l'op-