J'ai vu des lettres de Hongrie qui marquent positivement qu'on a réformé les régiments de hussards sur le pied de 500 hommes par régiment. Il y a encore des lettres de marchands qui disent que la cour de Vienne faisait actuellement battre une quantité très considérable de monnaie de cuivre, dont cinq pièces feraient la valeur d'un Kaisergroschen, et qu'on les emploierait pour en payer en partie les dettes. Je serais bien curieux de savoir ce que c'est que cette monnaie, d'autant plus que je n'aimerais pas qu'il en entrât des quantités dans mes pays.
Au surplus, quand je combine mes lettres d'Angleterre avec toutce qui me revient d'ailleurs, je puis vous assurer en quelque manière positivement que je n'ai pas trop lieu de m'alarmer des agitations de la cour de Vienne ni des ostentations guerrières des Russes, et que tout cela pourra aller en fumée. Ce qui ne doit pas cependant vous empêcher d'être bien vigilant sur tout ce que l'on fait à cet égard là où vous êtes, et de me mander exactement ce qui en parvient à votre connaissance.
Federic.
Nach dem Concept.
3586. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A DRESDE.
Potsdam, 5 avril 1749.
J'ai reçu votre dépêche du 29 de mars dernier, et vous pouvez compter sans craindre de vous tromper que le ministre autrichien, comte de Sternberg, a été chargé principalement de sa cour — qui pour cela même le presse fort sur son départ de Vienne à Dresde — de tâcher, de concert avec le ministre de Russie, Keyserlingk, d'engager la cour de Dresde d'accéder au concert des deux cours impériales et de faire à ce sujet des offres des plus avantageuses à celle de Dresde, savoir de vouloir contribuer à ce que le prince Xavier fût élu duc de Courlande et que la succession au trône de Pologne soit continuée dans la maison électorale de Saxe. C'est pourquoi vous observerez de fort près les démarches que pourra faire le comte de Sternberg à la cour où vous êtes, et cela à d'autant plus forte raison qu'il est très apparent que c'est lui, le comte Sternberg, qui, pour faciliter ses négociations, a tâché d'inspirer de la peur à la cour de Dresde à mon égard. Aussi mon intention est-elle que, si les bruits qu'il peut avoir fait courir là-dessus parvenaient jusqu'à vous, vous tâchiez alors, autant que vous pourriez le faire sans affectation, d'y contredire, en les traitant de méchancetés toutes pures et en ajoutant que nos voisins n'avaient aucunement à nous craindre, mais qu'ils pouvaient se compter en sécureté, pourvu que de leur côté ils ne nous attaquassent point les premiers, tout comme je vous ai déjà ordonné de le déclarer à l'occasion de quelques arrangements que j'ai cru à propos de faire dans mon militaire.1
1 Vergl. S. 423.