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extraordinaires. Je pris la liberté de lui dire que Votre Majesté S'était cru obligée pour Sa sûrete et celle de Ses États de Se mettre en état pour n'être point surprise par les orages qui semblaient menacer le Nord, et qu'Elle ne demandait que la conservation de la paix. Mais le Roi fut du sentiment que la cour de Vienne ne faisait que remettre son armée, ce que chaque puissance était la maîtresse de faire dans ses États. Je ne pus m'empêcher de répliquer que c'était précisément là le cas de Votre Majesté. Ce Prince continua en disant que la cour de Vienne n'avait déclaré que des sentiments pacifiques et que le comte d'Ulfeld avait ajouté que, si le ministre de Votre Majesté à Vienne avait bien voulu lui parler sur cette matière, il y avait longtemps qu'il l'aurait tranquillisé là-dessus. Comme le Roi dit tout ceci avec assez de passion, vif comme il est, je crus devoir en rester là et finir mon audience.“

préjugés, sachant bien que cela aurait été peine perdue, mais principalement pour désabuser la nation anglaise et le public des mauvaises impressions qu'on a pris à tâche de lui inspirer à mon sujet, et c'est en conséquence de cela que j'approuve fort que vous n'ayez pas trop pressé le Roi par vos remontrances. Je remarque à ce sujet combien l'esprit de parti peut aveugler les gens jusqu'à prétendre qu'on doive être assez bon de se livrer pieds et poings liés à la discrétion de ses ennemis et de faire camper ceux-ci quand il sera défendu aux autres de se préparer à tout événement. Pour ce qui est de l'affaire même, je suis persuadé que ce Prince aurait bien aimé de voir le Nord en combustion, afin de pêcher en eau trouble, et que d'ailleurs on voudrait bien me brouiller avec la France. Sur quoi il faut que je vous dise que, quand l'Angleterre se donnera beaucoup de peines et de mouvements à cet égard, elle pourra peut-être parvenir par là à causer des tracasseries et des refroidissements entre moi et la France, mais que nos intérêts réciproques sont trop solides, trop naturels et trop durables pour qu'ils permettent que la France se puisse séparer entièrement de moi, ni moi d'elle, à moins que tout le système de l'Europe ne se changeât. En attendant, vous travaillerez pour mon vrai service, aussi souvent que vous tâcherez de désabuser ou de redresser, par ci par là, le sieur Durand des fausses impressions qu'on lui voudra donner à mon sujet, puisqu'il vaut toujours mieux de prévenir tout ce qui pourrait donner lieu à des tracasseries entre la France et moi.

Au surplus, je dois vous informer que la cour de Dresde va envoyer encore le comte Flemming à celle de Londres.1 De plus, il est venu passer à Berlin, il y a quatre jours, deux courriers de la cour de Russie, dont l'un va à la Haye et de là en Angleterre, et l'autre à Copenhague. Je sais de très bon lieu que les dépêches qu'ils y portent aux ministres de Russie, roulent principalement sur les derniers efforts que ceux-ci doivent faire pour attirer les cours de Londres et de Danemark dans les concerts dont les deux cours impériales sont convenues à l'égard des affaires du Nord, et que la Russie fera déclarer en même temps que, comme elle ne saurait point se contenter des déclarations vagues,



1 Vergl. S. 439. 500.