3150. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Stettin, 10 juillet 1748.

Vos dépêches du 20 et du 25 de juin dernier me sont bien parvenues. Je trouve tout-à-fait admirables vos idées que vous me marquez dans la première de ces dépêches sur la satisfaction que la France pourrait se procurer des avanies que le Chancelier lui a faites,169-2 mais malheureusement elles ne pourront être exécutées, parceque probablement les puissances contractantes ne voudront admettre aux conférences d'Aixla-Chapelle pour un traité de paix définitif que les ministres de ces puissances qui effectivement ont participé à la dernière guerre.

Quant au contenu de votre dernière dépêche, je veux bien vous communiquer ici pour votre direction ce que portent mes lettres d'Hanovre des vues qui doivent être cachées sous la continuation de la marche des troupes russiennes. Selon ces lettres, on vient d'apprendre par un bon canal que le duc de Newcastle, avant son départ de Londres s'était laissé échapper au ministre hessois que, lorsque la paix serait faite, il fallait aussi travailler à un concert dans l'Empire pour établir la tranquillité sur un pied solide en faveur de la reine de Hongrie, que d'ailleurs la continuation de la marche des troupes russiennes n'était plus un mystère, et que le roi d'Angleterre en avait parlé à table ajoutant qu'on ne saurait se fier à la France, que les ministres d'Hanovre avaient voulu faire envisager cette marche comme avantageuse et profitable pour les États par lesquels elle se ferait, les Puissances maritimes payant tout largement, mais qu'ils ne persuadaient point.

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Il peut m'être assez indifférent que le lord Hyndford ne soit personnellement point porté pour moi, il n'en faudra pas moins, pour cela, qu'il exécute les ordres qui lui parviendront de sa cour. En attendant, je veux bien que vous sachiez pour votre direction comme quoi je pense actuellement que les avances que m'a fait faire l'Angleterre, tant par le chevalier Legge que par d'autres canaux encore, pourraient bien, du commencement, avoir eu pour principe l'appréhension de la cour de Londres que la cour de Vienne ne se roidît et se cabrât contre les préliminaires de paix, et que c'est par cette raison que l'Angleterre m'ait recherché avec tant d'empressement pour m'avoir de son côté, mais que, la cour de Vienne s'en étant aperçue et ayant avisé là-dessus qu'il serait convenable à elle d'avoir quelque souplesse pour l'Angleterre, cette dernière s'est refroidie dans l'empressement qu'elle m'avait témoignée un moment auparavant. Je pourrai vous écrire avec assurance ce que nous aurons à espérer des Anglais, dès que le chevalier Legge se sera abouché avec le duc de Newcastle à Hanovre.

Le mécontentement que peut avoir conçu la Russie contre sa souveraine, ne me paraît pas être suffisant pour qu'il lui en dût résulter du danger; plutôt je suis d'opinion que, si jamais il devait y avoir en Russie des troubles tendants à quelque révolution, ce serait du côté de son militaire qu'il en faudrait appréhender les commencements; car pour ce qui est des précautions que l'on vient de prendre tant à Pétersbourg qu'à Moscou, il n'y a rien là que de fort simple et naturel, pour réprimer la rage de ces malheureux incendiaires.170-1 Au reste, j'approuve toujours votre prudente et sage conduite que vous tenez là où vous êtes, et je ne saurais me refuser le plaisir de croire que vous continuerez de vous y conduire comme vous l'avez fait jusqu'ici à mon fort grand contentement.

Federic.

Nach dem Concept.



169-2 Finckenstein sagt in dem Berichte vom 20. Juni: „Je regarde le refus qu'on pourrait donner à l'admission d'un ministre de Russie au congrès d'Aix-la-Chapelle, comme l'affront le plus sanglant que la France pourrait faire à ce pays-ci.“

170-1 Finckenstein sagt in seinem Berichte vom 25. Juni: „Les incendies continuent toujours dans le centre du pays. Il ne se passe quasi pas vingt quatre heures qu'il n'y en ait à Moscou, et l'on apprend à tout moment la nouvelle de quelque ville ou de quelque village brûlés.“