3161. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 19 juillet 1748.
Les idées que vous me marquez par votre dépêche du 2 de ce mois, de quelle façon on pourrait gagner le Chancelier, sont fort bonnes en elles-mêmes; cependant je ne mettrai pas le gros à pareille dépense, puisque d'un côté, nonobstant de cela, comme vous le remarquez très bien vous-même, je ne pourrais cependant jamais me reposer sur lui, et que d'un autre côté la garantie de la Russie ne renfermerait point assez de solidité en elle pour qu'on dût se donner grande peine à se la procurer.
L'ami important ne manquera sans doute point d'occasions à s'expliquer envers sa souveraine et de lui faire ses plaintes du Chancelier, mais son caractère timide le retiendra cependant toujours et l'empêchera de l'emporter sur son antagoniste; aussi ne fais-je aucun fond sur lui dans les conjonctures présentes et sans un brouillamini tout extraordinaire et imprévu qui peut-être l'engagerait à quelque chose. Au reste, mes lettres d'Aix-la-Chapelle portent que les cours de Versailles et de Londres paraissent toujours être dans le dessein de terminer les conférences de paix le plus tôt possible et de sabrer le traité définitif, ainsi qu'elles ont fait les préliminaires; que dans cette vue elles éviteraient de tout leur pouvoir l'ouverture des conférences solennelles et l'admission de quelques nouveaux ministres qui n'ont point été touchés dans les préliminaires;<178> que la cour de Londres s'embarrassait peu de la promesse qui a été faite dans le traité de subsides avec la Russie pour l'admission d'un ministre russien aux conférences, et chercherait à éluder cette promesse, en rejetant la faute sur la France.
Federic.
Nach dem Concept.