3258. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 20 septembre 1748.
Si le ministère français pense sérieusement sur les affaires de l'Empire, comme, selon votre dépêche du 2 de ce mois, vous me marquez que le marquis de Puyzieulx s'en est expliqué à vous, et si ledit ministère regarde ces affaires avec autant d'indifférence, je ne saurais en conclure autrement si ce n'est que la France veut laisser liberté entière à la maison d'Autriche de faire dans l'Empire ce que bon lui semble, et qu'elle ne veut point prendre davantage en considération sa garantie de la paix de Westphalie sur la liberté des États de l'Empire, mais permettre que la cour de Vienne s'acquière toute supériorité qu'elle recherche avec tant d'ardeur.
J'ai reçu votre dépêche du 6 de ce mois. La France aussi bien que l'Angleterre se flattent, l'une comme l'autre, de s'être procuré des avantages par la convention signée sur la rétrogradation des Russes.236-1 Il n'y a rien à dire dès que l'on en est content de part et d'autre. Je ne saurais cependant point comprendre comment il se peut que la France regarde avec autant d'indifférence qu'elle le fait, tous les arrange<237>ments que fait actuellement le roi d'Angleterre avec la cour de Vienne, et je veux que vous me mandiez s'il se pourrait que la France soit dans l'idée que son amitié avec l'Angleterre et l'Autriche sera éternelle, ou si peut-être elle veut se rendre entièrement dépendante de ces deux puissances.
Je suis très satisfait de votre rapport du 9 de ce mois,237-1 je le trouve sensé, il renferme de l'esprit et de la solidité, et il m'a donné une idée de tout. Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il n'y ait âme en France qui envisage les affaires dans leur vrai point de vue et comme elles devraient l'être.
Federic.
Nach dem Concept.
236-1 Vergl. S. 220.
237-1 Ueber die finanziellen Hülfsmittel Frankreichs. „Je me suis mal expliqué si Votre Majesté a pu croire (vergl. S. 123) que la France manquait d'argent. Je sais qu'il y en a beaucoup et peut-être plus qu'en aucun pays de l'Europe, proportion gardée... Ce n'est pas que l'argent manque dans le royaume, mais c'est le Roi qui en manque, et tant que cette monarchie ne sera pas conduite par un maître qui embrasse avec vigueur l'universalité de ses intérêts, ou par un premier ministre qui supplée à ce que le maître ne pourra pas faire, ce gouvernement sera toujours faible.“