3714. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Chambrier berichtet, Paris 13. Juni: „Puyzieulx me dit … qu'il ne doutait pas que Sa Majesté Britannique n'eût parlé fortement aux deux cours impériales en suite des déclarations que la France a faites à Londres, mais que lesdites deux cours avaient reçu un peu aigrement ce que l'Angleterre leur avait fait entendre, à cause de la part qu'elles prétendent que l'Angleterre a eue dans leurs desseins … Qu'il était vrai que le comte de Tschemyschew, ministre de Russie en Angleterre, avait reproché assez hautement au ministère anglais que l'Angleterre avait manqué de parole à sa cour … Puyzieulx, en me faisant entendre toutes ces choses avec le ménagement et la douceur dans ses expressions, ainsi qu'il a accoutumé de faire depuis la paix d'Aix-la-Chapelle lorsqu'il s'agit de l'Angleterre, me parut cependant être plus content des discours que la France a fait tenir en Angleterre, à Vienne et à Copenhague qu'il ne l'était il y a quelque temps571-1 … Ces puissances, m'ajouta-t-ïl, n'ont fait par leurs manœuvres que resserrer ici notre union avec vous et la Suède, au lieu de l'affaiblir ou de la rompre même. Je puis vous assurer qu'on pense ici au mieux sur cela, quoiqu'on nous ait lâché, dans les différentes insinuations qui nous ont été faites pour nous brouiller avec le roi de Prusse, qu'on nous ferait voir de lui quelque chose par écrit par où il s'explique assez clairement qu'il peut nous quitter et se lier avec les autres … J'ai répondu à ceux qui nous ont fait ces insinuations, que, quand même ils nous donneraient quelque chose par | Potsdam, 24 juin 1749. Il a été un nouveau sujet de satisfaction pour moi que de voir par votre relation du 13 de ce mois la façon juste et avantageuse dont le marquis de Puyzieulx s'est encore expliqué envers vous sur mon sujet, et je recommande extrêmement de ne rien oublier de tout ce qui peut contribuer [à maintenir ce ministre] dans cette façon de penser à mon égard. Assurezlui que plus il fera du chemin avec nous, plus il sera convaincu de la sincérité et de la droiture de mes intentions à l'égard de la France, et qu'il reconnaîtra clairement que tout ce que l'on a voulu lui insinuer du contraire, est absolument marqué au coin des insinuations malicieuses et des calomnies controuvées pour mettre de la désunion entre la France et moi. Pour faire voir aussi à M. de Puyzieulx que l'accusation dont on m'a chargé comme si je m'étais expliqué que je pourrais bien quitter la France pour me lier aux autres, est de la même trempe; dites-lui que je laissais à sa propre pénétration s'il était possible que je puisse |
écrit, pour prouver ce qu'ils attribuent au Roi votre maître, cela ne changerait rien à nos principes et à notre conduite.“ | prendre confiance à un prince tel que le roi d'Angleterre, qui, du temps qu'il travaillait à me raccommoder avec la reine de Hongrie et qu'il s'agissait de la faire souscrire à la cession de la Silésie, s'expliquait dans une lettre qu'il écrivit à cette Reine sur mon sujet et dont j'ai eu une copie en main, dans ces propres termes : « Et après tout, Madame, pensez que ce qui est bon à prendre, sera aussi bon à rendre ».572-1 Que, si le marquis de Puyzieulx ferait d'ailleurs attention à la jalousie et à la haine qu'on sait que le ministère d'Hanovre me porte, et que, pour me lier avec l'Angleterre, il faudrait absolument que je sois sur un bon pied avec la cour de Vienne, il trouvera lui-même la fausseté de l'accusation susmentionnée. Que je n'ai au surplus nulle idée d'agrandissement, ayant assez à faire à consolider ce que la fortune m'a jeté, et qu'assurément moi et la reine douairière d'Espagne étions d'un caractère bien différent. Federic. |
Nach dem Concept.
571-1 Vergl. S. 544.
572-1 Vergl. Bd. IV, 45.