4131. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 17 février 1750.
Votre relation du 31 du mois dernier m'est bien parvenue, et vous faites bien sagement que, dans l'état où vous savez que sont les affaires entre votre digne ami et son antagoniste, vous vous ménagez avec celui-là au possible, afin qu'on ne sache point trouver prise contre vous à cet égard.
Pour ce qui est du sieur Guy Dickens, je veux bien vous le caractériser tel que je le connais, savoir que c'est un homme très violent et emporté, qui n'a jamais agi dans les affaires d'une façon naturelle et aisée, mais toujours avec une extrême véhémence, vain, enthousiasmé de sa patrie, mais qui ne se soutient pas et où il y a toujours plus de bruit que d'effet. Au surplus, je suis bien persuadé de ce que vous dites à son sujet, savoir qu'il n'épargnera rien pour tâcher d'entretenir sa cour dans les vues de celle de Russie; mais par bonheur, et au grand avantage de ceux qui s'intéressent pour la conservation de la tranquillité du Nord, sa cour se ressent encore fort des dépenses qu'elle a été obligée de fournir dans la dernière guerre contre la France et ses alliés, ainsi qu'elle est presque dans l'impossibilité, par le dérangement où se trouvent ses finances, de donner des subsides à ceux qui sont accoutumés à en tirer. Tout ce que ceux-ci en pourraient espérer, se réduira à recevoir sous main quelques petites sommes; mais pour les subvenir dans quelque entreprise considérable par des sommes fortes, voilà ce que l'épuisement de ses finances ne saurait nullement permettre, à moins qu'elle ne voulût s'en ruiner sans ressource. Au reste, vous devez tâcher au possible de bien approfondir et de me mander exactement l'impression que le dernier changement qu'il y a eu dans le ministère de Constantinople, fera sur la cour de Pétersbourg.
Federic.
Nach dem Concept.