4171. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 7 mars 1750.

La dépêche que vous m'avez faite de 25 du février passé, m'a été rendue. L'espérance sur laquelle je me fonde que les deux cours impériales, malgré toute la mauvaise volonté qu'elles ont, seront obligées de laisser là leurs projets pernicieux, est le changement dans le ministère à Constantinople, l'épuisement en fonds d'argent où l'Angleterre se trouve, et la résolution ferme que la France fait éclater de ne voir point d'un œil indifférent que la tranquillité du Nord soit troublée de la Russie. Car pour ce qui concerne le dernier article, je sais que la France s'est expliquée d'une manière si forte et positive sur cette matière envers les ministres d'Angleterre et autrichien à Paris que, si ces deux ministres en ont fait le rapport à leurs cours, de la manière que la France leur a fait parler, celles-ci ne douteront pas que, si la paix du Nord vient à être troublée par l'entrée des Russes dans les États de la domination suédoise, il n'en résulte une guerre générale. L'on me mande d'ailleurs que l'ambassadeur de France à Londres, tout comme le sieur Blondel, ont reçu l'ordre de leurs cours de s'expliquer de la même façon sur ce sujet, afin que les Anglais et les Autrichiens sachent véritablement comment la France pense là-dessus. Parceque aussi mes nouvelles de Russie portent que la nouvelle du changement dans le ministère de la Porte Ottomane a fort frappé celui de la Russie, je crois qu'au moins cette année les affaires du Nord se passeront sans qu'elles parviennent à l'éclat. Sur quoi je pourrai juger plus décisivement, quand j'aurai appris quelles seront les suites de la réponse que la Suède vient de faire au mémoire du sieur Panin, et quelle impression elle aura faite sur le ministère de Russie.

Au surplus, vous devez être persuadé que l'abaissement du crédit du comte de Brühl est destitué de tout fondement.

Federic.

Nach dem Concept.