4224. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 3 avril 1750.
J'accuse la dépêche que vous m'avez faite à la date du 23 du mois dernier passé. Mes lettres de Copenhague me confirment ce que le marquis de Puyzieulx vous a dit relativement aux bons sentiments du Danemark pour la Suède, et les réflexions que ledit ministre vous a ajoutées sur ce sujet, sont des plus justes et des mieux pensées.
Ce que vous me marquez par rapport à la mission du lieutenant colonel de La Touche,322-1 m'a été confirmé par le marquis de Valory. C'est une résolution aussi sage que nécessaire que la cour de France a prise à ce sujet, car depuis bien du temps j'ai fait remarquer en toutes occasions au gouvernement de Suède comme quoi il me paraissait qu'il ne prenait pas assez de précautions pour ne pas être exposé à quelque échec dans la Finlande, quand l'envie prendrait à la Russie de l'y assaillir, et que surtout ses forces en troupes n'y étaient point suffisantes pour faire tête à celles de Russie en cas d'une insulte.
J'attends de voir ici chez moi aux premiers jours322-2 le comte Tyrconnell; jusqu'au moment présent, il s'est tenu fort réservé et boutonné, apparemment parcequ'il n'est pas encore dans l'activité de sa fonction ici; mais autant qu'on peut pénétrer de la façon de penser d'un nouveau arrivé chez nous, il me paraît être de bonne volonté, et qu'il ne nuira pas à la bonne harmonie entre la France et moi.
Les dernières nouvelles que j'ai eues de Pétersbourg par rapport aux desseins pernicieux du premier ministre de cette cour vis-à-vis de la Suède, ont été assez croustilleuses et confirment que le chancelier Bestushew pense de faire autant d'agaceries à celle-là afin de l'obliger à commencer elle-même le branle, de façon qu'avec toute la mauvaise volonté de celui-ci, il ne cherche qu'à endosser le nom d'agresseur à la Suède.
Federic.
Nach dem Concept.
322-1 Der Zweck einer Sendung des Oberstlieutenant de La Touche nach Finnland war, sich von dem wahren Zustand der schwedischen Kriegsvorbereitungen daselbst zu überzeugen.
322-2 Vergl. S. 328 Anm. 2.