4343. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Königsberg, 8 juin 1750.

La dépêche que vous m'avez faite du 27 du mois passé, m'a été rendue. Ce que vous me marquez par rapport aux propos qu'un courrier du comte Bernes doit avoir tenus à son retour à Vienne, se confirme par les dernières lettres que j'ai de Pétersbourg, qui me marquent que le chancelier Bestushew a dernièrement dit tout hautement qu'il avait été surpris d'apprendre que les cours de Londres et de Vienne prétendaient que c'était avec son approbation qu'elles avaient [donné] l'année passée à la France des assurances positives relativement aux dispositions pacifiques de la Russie;393-3 qu'il n'en était absolument rien, et que tout ce qui s'était passé dans ce temps-là entre lui et les ministres des cours mentionnées, c'était que, sur la demande qu'ils lui avaient faite si l'intention de la cour de Russie était d'attaquer la Suède, il leur avait simplement répondu par manière de discours que cela ne se ferait pas, aussi longtemps que les Suédois ne voudraient pas changer la forme de leur gouvernement, sans songer seulement à la France. L'on ajoute que le comte Bernes n'avait pas fait difficulté d'avouer que le Chancelier ne<394> s'était effectivement pas expliqué autrement, mais que sa cour avait jugé à propos de donner plus d'étendue au discours du Chancelier, que celui-ci en avait été fort piqué, mais qu'il394-1 avait trouvé moyen de l'apaiser, en faisant entendre en tout ceci que sa cour avait fait une fausse démarche. J'en tire la conséquence que l'intelligence entre les deux cours impériales n'est pas tout-à-fait si étroite comme l'on se le représente, et qu'il y a souvent de petites démêlés et bisbilles entre elles.

Je vous aurai bien de l'obligation, quand vous saurez me procurer l'état des revenus de la Reine-Impératrice, et s'il y a moyen que vous sachiez me procurer encore le nouveau règlement touchant les exercices et les manœuvres des troupes, avec les tailles-douces, je vous permets très volontiers d'y employer 30 ou 40 ducats.

Au reste, je suis bien fâché de vous dire encore que le bien de mes intérêts ne me permet pas de vous rappeler avant que le sieur de Voss ne soit de retour de sa mission en Pologne;394-2 il y a des raisons particulières encore qui ne me permettent absolument pas de goûter la proposition que vous me faites d'avancer votre retour et de laisser, en attendant, le soin de mes affaires au sieur von der Hellen, dont j'ai d'ailleurs tout lieu d'être très content.

Federic.

Nach dem Concept.



393-3 Vergl. S. 134. 160.

394-1 Bernes.

394-2 Vergl. S. 376.