4374. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 30 juin 1750.
Je vous sais bon gré du détail que vous m'avez fait par votre dépêche du 13 de ce mois, sur la réponse que le comte Lynar a eue du Chancelier au sujet des nouvelles tentatives qu'il a faites auprès de celui-ci pour lui faire goûter la proposition que la cour de France a fait faire au duc de Newcastle par le marquis de Mirepoix pour moyenner un accommodement entre la Suède et la Russie. Je m'en suis douté que la réponse du Chancelier serait à peu près telle que vous me la marquez, et je suis tout-à-fait de votre sentiment que, plus on a du ménagement pour la cour de Russie et plus on la flatte, plus elle en devient intraitable; aussi me suis-je bien gardé de donner, moi, dans de pareils écarts.
Au surplus, si le Chancelier veut augmenter encore ses démonstrations, comme il l'a menacé, il en sera le maître, et je m'en soucierais point; tout au contraire, je me tiens aux protestations qu'il a faites au comte Lynar que les troupes russes en Finlande ne passeraient pas la frontière, ni à présent ni même le cas de la mort du roi de Suède existant. Du reste, il me sera fort indifférent si le Chancelier répondra ou non à la déclaration que j'ai fait faire au sieur Gross, et s'il en sera fâché ou non, ma déclaration ne contenant rien qui ne soit conforme en tout à ce que d'autres puissances respectables ont fait déclarer à la cour de Russie sur le même sujet.
<414>Ce que je tiens à présent pour les moments les plus dangereux et critiques que nous aurons encore avec le Chancelier, c'est le temps quand la Diète de Suède sera assemblée; aussi n'épargnerez-vous ni peine ni souci pour développer au possible et pour démêler les moyens dont le Chancelier voudra se servir pour parvenir à ses vues.
Federic.
Nach dem Concept.