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4745. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Berlin, 24 janvier 1751].

Projet d'un mémoire à donner au comte de Puebla.

Graf Otto Podewils berichtet, Wien 16. Januar: „Dans l'audience de congé que j'eus avant-hier de l'Impératrice, je l'assurai, conformément aux ordres de Votre Majesté, du désir sincère où Elle était d'affermir de plus en plus l'amitié dans laquelle Elle avait le plaisir de vivre avec Sa Majesté Impériale. Cette Princesse me répondit qu'elle espérait qu'à mon retour je tâcherais d'inspirer à Votre Majesté des sentiments plus favorables à son égard que Vous n'en aviez fait paraître, Sire, pendant le temps de mon ministère d'ici; qu'elle avait vu avec une vraie douleur que dans les choses les moins importantes Votre Majesté n'avait jamais eu la moindre complaisance pour elle et qu'elle venait d'en recevoir tout récemment une preuve dans l'affaire des dettes de Silésie; que ce n'était non seulement comme reine de Hongrie et de Bohême, mais encore comme Impératrice, qu'elle éprouvait le peu d'attention et d'amitié de Votre Majesté; qu'elle ne m'en attribuait pas la faute, et que ce qui la chagrinait le plus, c'était de ne pouvoir la rejeter sur personne, sachant que Votre Majesté prenait Ses résolutions de Son propre chef; que si je n'avais pas eu pendant mon séjour d'ici les agréments que j'aurais pu désirer, je ne devais m'en prendre qu'à la conjoncture du temps et aux affaires peu agréables dont j'avais été chargé continuellement. Je lui témoignai autant de douleur que de surprise de ce qu'elle venait de me déclarer, et je lui dis que Votre Majesté serait sensiblement affligée d'avoir si mal rempli le but qu'Elle S'était toujours proposé, de convaincre Sa Majesté Impériale de Son amitié sincère; que les intentions de Votre Majesté étaient droites, qu'elles le seraient toujours, et que peut-être le temps en convaincrait mieux Sa Majesté Impériale. Elle me répliqua qu'elle le souhaitait, mais qu'elle s'en flattait beaucoup moins qu'elle ne l'avait

La manière dont l'Impératrice s'est expliquée envers le comte de Podewils, lorsqu'il a pris son audience de congé, oblige le Roi d'entrer en quelques éclaircissements avec la cour de Vienne et de s'expliquer lui-même avec le comte de La Puebla,1 pour qu'il puisse en rendre un compte fidèle à l'Impératrice.

Les plaintes de l'Impératrice, quoique vagues, roulent principalement sur ce qu'elle ne pouvait se flatter d'avoir reçu de la part du Roi aucune marque de complaisance. Le Roi est plein de sentiments d'estime pour l'Impératrice,2 et, indépendamment de sa dignité, il rend justice à ses grands talents et à ses vertus personnelles. Mais la situation où se sont trouvées les deux cours depuis la paix de Dresde, a été assez fâcheuse.

Le Roi a insisté sur l'exécution du traité de paix par lequel l'Impératrice3 lui devait procurer de l'Empire la garantie de la Silésie. L'Impératrice a paru se refuser longtemps à remplir cet engagement et a demandé au Roi à régler définitivement l'affaire des dettes qui fait un autre article de cette paix. Le Roi y a consenti sous condition qu'on lui donnerait cette garantie de l'Empire et que, selon ce même traité de paix, on remît le commerce sur le pied où il était l'année 1739.4



1 In der dem Grafen Puebla am 27. Januar eingehändigten Ausfertigung: avec Monsieur le comte de Puebla.

2 pour Sa Majesté l'Impératrice.

3 Sa Majesté l'Impératrice.

4 Zusatz der Ausfertigung (vergl. in Betreff der sachlichen Aenderungen Nr. 4747. 4749): „jusqu'à qu'on fût convenu d'un nouveau traité de commerce.“