<31> des lettres particulières venues par la même voie, datées du 10 de juin dernier, portaient que le Mufti1 avait été déposé et exilé et que Saïd-Effendi avait été rappelé de son exil,2 avec la liberté d'aller demeurer dans sa maison à Constantinople; nouvelles qui doivent avoir rendu le chancelier Bestushew d'assez mauvaise humeur, d'autant plus qu'on sait que le Mufti déposé a été entièrement dans les intérêts de la Russie et de ses alliés3 et qu'il y a de l'apparence que Said-Effendi rentrera dans son premier poste.

Au surplus, j'ai été surpris de voir par votre relation qu'on dispute, au Sénat, sur le nombre des troupes qu'on veut envoyer en Finlande.

Il me paraît que, comme la Russie envoie un renfort de troupes de 24,000 hommes en Finlande, la Suède a bien raison d'y envoyer 6 à 8,000 hommes, qui, avec ce qu'elle y a déjà de troupes, ne composeront que le nombre de 14 à 16,000 hommes, et qui en cas d'insulte ne suffiront pas encore pour résister au nombre supérieur des troupes russes.

Federic.

Nach dem Concept.


4431. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 28 juillet 1750.

La dépêche que vous m'avez faite du 11 de ce mois, m'est bien parvenue. Avant que d'entrer dans aucun détail là-dessus, je vous recommande encore et vous ordonne sous peine de mon indignation que vous deviez éviter soigneusement de ne parler ni au Chancelier ni à aucun de ceux qui lui sont attachés, comme le sieur de Swart et d'autres, de la résolution que la cour de Russie a prise de renforcer ses troupes en Livonie et en Finlande, ni d'en faire apparaître la moindre inquiétude ou appréhension, mais de faire plutôt semblant comme si rien n'en eût été et que vous l'ignoriez entièrement et n'y fassiez aucune attention, j'ai mes raisons particulières pour vous donner ces ordres, et d'ailleurs il ne résulterait rien des mouvements que vous vous donneriez à ce sujet, puisqu'il est constaté que les démonstrations guerrières que la cour de Russie fera pendant le cours de cette année, ne seront que des ostentations toutes pures qui ne feront nulle impression sur moi.

Je vous sais bon gré de la communication que vous m'avez faite des nouvelles que le courrier extraordinaire, dépêché par le sieur Neplujew, a apportées. Outre que ces nouvelles ne laisseront pas de donner bien à penser aux deux cours impériales, je présume qu'il y en a encore d'autres plus fortes et bien désagréables au Chancelier, puisque j'estime que, s'il n'y avait que celles de la disgrâce du Mufti et du rappel de Sàid-Effendi, le sieur Neplujew n'aurait pas envoyé un courrier extraordinaire.



1 Muhamed Said; sein Nachfolger Murtesa.

2 Vergl. Bd. VII, 336. 338.

3 Vergl. Bd. VII, 163. 234.