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4892. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 17 avril 1751.

Milord. Pour m'acquitter de ce que je vous avais promis de vouloir encore écrire à ma sœur, aujourd'hui reine de Suède, afin de l'aider de mes conseils et de l'encourager à réunir tous les partis en Suède pour le bien commun, j'ai bien voulu vous communiquer la copie ciclose de ce que je viens de lui écrire à ce sujet, vous priant cependant avec instance de m'observer un secret religieux là-dessus et de n'en faire communication à personne. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Il faut avouer qu'il est heureux que le prince de Galles soit mort avant le roi de Suède. La déclaration du nouveau Roi couvrira nos ennemis de confusion, et si la cour de Vienne n'a pas bu toute honte, elle rougira de tous les mensonges dont, sur le sujet de la Suède, elle a voulu abuser l'Europe.

Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris. Der Zusatz eigenhändig.


4893. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 17 avril 1751.

Votre dépêche du 5 de ce mois m'a été bien rendue. J'ai tout lieu de croire que, par la fermeté avec laquelle la France se conduit à présent, et par les bons arrangements qu'elle prend pour remettre ses forces navales, elle regagnera bientôt la supériorité sur l'Angleterre, en quoi la mort du prince de Galles la favorisera beaucoup. L'affaire du vaisseau français pris en Amérique n'aura point de conséquence, j'estime que le ministère britannique radoucira là-dessus; je présume même que ce ministère changera de maximes à plusieurs égards, quoiqu'il ne me soit pas possible encore de juger précisément jusqu'où cela pourra aller.

La nouvelle que nous venons de recevoir de la mort du roi de Suède, et les circonstances qui ont suivi cet évènement, vont encore influer beaucoup dans les grandes affaires de l'Europe. Ce Prince vient d'expirer le 5 de ce mois après une maladie de peu de jours. Le jour suivant, le Sénat a fait proclamer roi de Suède le Prince-Successeur, avec un applaudissement général, après que celui-ci eut signé de fort bonne grâce une déclaration par écrit forte et pathétique et sous serment de ne vouloir rien changer à la forme du gouvernement établie par les lois et les constitutions de l'année 1720 et acceptée par son serment à son élection l'an 1743, déclarant par le même écrit ses ennemis et traîtres à la patrie ceux qui voudront agir en contraire soit directement soit indirectement.