<481> pendra de moi, ma très chère sœur, pour que vous n'ayez point à vous plaindre de délai; cependant comme je connais à qui vous avez affaire, j'ose vous conseiller de ne pas trop user de diligence dans ce que vous entreprenez.
J'ai incessamment fait écrire pour du bois de cèdre, je suis charmé d'avoir ce petit moyen pour vous obliger; du moins ce bois, tout muet qu'il est, vous fera souvenir d'un frère qui vous aime bien tendrement.
Quando est obligé de jouer partout; je juge bien que votre intention est qu'il s'exerce et qu'il entende un autre goût pour acquérir de nouvelles idées comme l'on m'a dit que vous souhaitiez qu'il apprenne la composition chez Graun, il prendra incessamment ses lections.
Le prince de Corswaaren vient d'entrer ici en service en qualité de grand-chambellan; c'est un homme aimable et assez riche pour faire figure. Il me semble que les visites du margrave d'Ansbach sont bien froides, et je m'attends bien que celles de Seckendorff sont ennuyeuses. Ce misérable n'aura-t-il jamais assez de bon-sens pour cacher sa flétrissure et son nom au public? Tout autre qui serait dans sa place, s'enfermerait dans la plus profonde retraite. D'Argens est de retour de France, il a eu une prise avec Voltaire, mais c'était le roitelet qui se jouait avec l'aigle : vous jugez bien qui l'a emporté. Nous avons, Dieu merci, si peu de nouvelles ici que l'on se verrait obligé de forger des nouvelles pour en faire. Je souhaite de tout mon cœur que je n'en apprenne que de bonnes de Baireuth; vous pouvez bien croire, ma chère sœur, que je m'y intéresse vivement, vu la parfaite tendresse et l'attachement avec lesquels je suis jusqu'au dernier soupir de ma vie, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
F ederic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.
5138. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A FREDERSDORF.
Potsdam, 17 octobre 1751.
Puisque ma sœur, la margrave de Baireuth, m'a marqué combien elle désirait d'être sûre du payement prompt et exact des subsides que la France avait stipulés au Margrave en conformité du traité fait,1 ma volonté est que, vu que la maladie de milord Tyrconnell2 ne permet pas encore de lui parler d'affaires, vous devez à votre retour à Berlin en parler au sieur Baillif et prendre de bons arrangements avec lui sur ce sujet. Sur quoi, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
1 Vergl. S. 430 Anm. 1.
2 Vergl. S. 475.