5165. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 30 octobre 1751.
La dépêche que vous m'avez faite du 19 de ce mois, m'a été bien rendue. Quelque plaisir que j'aie d'apprendre que jusqu'ici tout va à la satisfaction de la cour, je souhaite cependant que ceci soit dirigé de la façon qu'on ne pousse pas les choses au delà de ce qu'elles doivent être, et qu'on ne s'expose à rien de fâcheux mal à propos.
Je verrai arriver le comte Lieven pour entendre ce qu'il m'aura à proposer, mais je ne me départirai pas de mes principes dont je vous ai instruit. Au surplus, je vous sais bien du gré des particularités dont vous m'avez-instruit; je voudrais savoir de vous si le baron de Scheffer, étant actuellement nommé sénateur, sera obligé par là de quitter la cour de France et d'aller rester en Suède, ce dont je serais en quelque manière fâché, puisque la Suède perdrait sûrement par là à la cour de France un ministre bien habile et routine, et qui d'ailleurs a su gagner la confiance et l'estime du ministère français. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction et pour que vous sachiez satisfaire là-dessus à ma curiosité.
Federic.
Nach dem Concept.
5166. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 30 octobre 1751.
Votre dépêche du 23 de ce mois m'est bien arrivée, et j'ai tout lieu d'être satisfait du portrait que vous m'avez tracé du ministre Bernstorff. Comme il faut cependant avoir de plus longues habitudes pour bien reconnaître le vrai caractère d'un personnage que vous ne les avez eues à l'égard dudit ministre, vous devez vous appliquer de le pénétrer plus encore, afin de rectifier à la suite; si peut-être vous avez failli dans l'un ou l'autre des traits que vous avez faits sur son sujet, ou de me le caractériser encore plus, si vous démêlez d'autres circonstances encore que le peu de temps que vous le fréquentez, a fait échapper à vos lumières.
Quant à la négociation du Danemark avec la Russie, il me paraît que M. Lemaire est peut-être un peu trop prévenu sur la droiture des ministres de la cour de Copenhague, et qu'il sera nécessaire en conséquence que, pour être plus exactement instruit des menées des ministres du parti opposé, vous devez tâcher habilement de vous attacher quelqu'un de la chancellerie danoise ou tel autre qui a la confiance du ministère, afin d'en tirer adroitement de bons avis de lui. Au surplus, je puis vous marquer que j'ai des avis sûrs de Pétersbourg que le sieur de Maltzahn y est arrivé le 3 de ce mois et qu'il n'aura ses audiences qu'après que le comte Lynar se sera congédié de l'Impératrice, que