<512> Romains. Ce ministre a marqué de Munich qu'y ayant fini sa commission plus tôt qu'il n'avait cru, il en partirait incessamment pour Vienne. Cet avis ne me laisse guère douter que la cour de Vienne ne se soit raccrochée de nouveau cet Électeur et qu'en conséquence elle doit être assurée à présent de la majorité des voix dans le Collège Électoral, touchant l'élection d'un roi des Romains.
Vous vous expliquerez avec les ministres de France d'une manière pour ne point choquer la sensibilité de ces ministres, et leur représenterez convenablement la nécessité qu'il y avait pour m'informer de bonne heure de leur façon de penser à ce sujet et de s'expliquer d'une manière circonstanciée sur le parti que la [France] voudra prendre, quand le roi d'Angleterre, après son arrivée dans ses États d'Allemagne,1 voudra mettre sur le tapis l'affaire d'élection et soutenir à ce sujet la majorité des voix dans le Collège Électoral. Cette explication de la part des ministres de France me paraît presser, afin que nous puissions nous concerter de bonne heure et n'être point pris à l'impourvu là - dessus.
Il y a une autre circonstance encore sur laquelle il faut que je vous informe, bien que dans la dernière confidence; c'est que je viens d'apprendre par un très bon canal à Pétersbourg2 que la cour de Dresde, ayant été pressée des deux cours impériales sur son accession au traité de Pétersbourg, s'était à la fin déclarée d'y vouloir accéder d'une manière à peu près égale à celle dont l'Angleterre était accédée à ce traité, mais qu'elle avait demandé en même temps d'avoir deux déclarations de la part des deux cours impériales, savoir primo que, parceque la France et la Prusse, en y mêlant la Suède, voudraient, dans le cas que le trône de Pologne viendrait à vaquer, y placer un de leurs candidats, les deux cours impériales devraient s'engager de soutenir la famille électorale de Saxe à la succession du trône royal de Pologne; et qu'en second lieu, comme la Prusse continuerait d'insister sur la prérogative stipulée dans le traité de Dresde en faveur de ses sujets créanciers de la Steuer saxonne, et que la cour de Berlin pourrait bien, à la suite du temps, et dans le cas que la Saxe ne saurait satisfaire aux susdits créanciers, prétendre des sûretés réelles pour ses sujets créanciers, les deux cours impériales reconnaîtraient cet évènement pour un cas d'alliance et qu'elles s'opposeraient de toutes leurs forces contre les demandes de la Prusse à ce sujet, et qu'en particulier l'Impératrice-Reine fournirait alors un corps de troupes de 30 à 40,000 hommes, qu'elle ferait marcher de la Bohême contre la Prusse. L'on m'ajoute que, quoique le ministre de Saxe à Pétersbourg, le sieur Funcke, ne s'était point encore expliqué sur ces déclarations, attachées secrètement à son accession au traité de Pétersbourg, l'ambassadeur d'Autriche, le baron de Pretlack, en avait été averti, et qu'il en avait d'abord fait part au
1 Vergl. S. 498,
2 Pretlack an Ulfeld, Petersburg 2. und 9. October 1751.