<525> mon cher frère, c'est que je suis assez au fait pour savoir ce qui en est, mais c'est sur quoi je ne puis point m'expliquer sans chiffre. Continuez-moi, mon cher frère, votre amitié et croyez-moi à jamais tout à vous avec le plus parfait attachement, mon très cher frère, votre très dévouée sœur et servante Ulrique.“

Potsdam, 14 novembre 1751.

Ma très chère Sœur. Si je souhaite que cette Diète se passe tranquillement, je crois, ma chère sœur, que vous sentez vous- même combien il est de vos intérêts et de ceux de toute l'alliance que cela se passe ainsi; mais ce n'est pas à dire d'un autre côté que je ne vous souhaite tous les avantages qui sont comportables avec la situation présente de l'Europe.

Le grand point, et qui est plus important encore pour vous que pour nous autres, c'est de ne point donner à des voisins mal disposés de prétexte de pouvoir vous attaquer. Quant, au reste, aux démêlés que vous pouvez avoir avec le Sénat, je souhaite de tout mon cœur qu'il ne s'y mette point d'aigreur et que vous parveniez à vos fins, sans que cela tire des suites après soi. La France veut absolument tenir le parti du Sénat, et je vous tais toutes les persécutions qu'on m'a faites de Versailles sur ce sujet; que puis-je donc faire de mieux que vous prêcher la modération? Que le ministre de France se conduise bien ou mal, quoi qu'il en soit, il faut le dissimuler; car quoique je convienne avec vous que ce serait pour le bien des affaires qu'il fût rappelé, je vous avertis en même temps que de demander son rappel, serait indisposer cette cour que nous avons toutes les raisons du monde de ménager. La force ne fera pas cette affaire pour y réussir, il faut employer l'intrigue, et ce n'est pas l'ouvrage d'un jour. Pour moi, ma chère sœur, qui suis dans un pays de souveraineté, il me faut dissimuler souvent et faire bonne mine à mauvais jeu. N'écoutez pas votre ressentiment seul, mais consultez vos interêts; ils vous parleront sur ce sujet, comme je vous parle. Pour moi, j'ai donné ordre au sieur de Rohd, avant la Diète même, de ne se mêler en rien de ce qui regarde l'intérieur du royaume, de ne point marquer de partialité et de laisser vider ces affaires-là à ceux qu'elles regardent; il l'a fait.

La France en a agi autrement, mais c'est elle qui paie, et je sais que, pour moi, il ne me convient pas de me brouiller avec elle, et je crois, ma chère sœur, que, si vous vous consultez bien, vous trouverez que cela vous convient tout aussi peu.

Je vous demande pardon de tout ce verbiage, mais vous verrez, ma chère sœur, que pour ma personne j'y suis fort embarrassé. Recevez les assurances de la tendre amitié et de la parfaite estime avec laquelle je suis à jamais, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.