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guerre qu'elle ne désire point, ferait tous les efforts et employerait tout l'argent qu'il faudrait pour gagner les électeurs de Bavière et de Trêves, ce que la même personne croit aisé, en y mettant les alliés de la France, qui, ayant par là la pluralité dans le Collège Electoral, serait maîtresse du temps de l'élection et des conditions auxquelles le roi des Romains serait élu, ce que la même personne regarde comme l'objet le plus important que Votre Majesté puisse avoir en vue, puisque, y ayant peu de probabilité de faire sortir la dignité impériale de la maison d'Autriche, il ne reste qu'à limiter l'autorité de l'Empereur contre les abus d'une pareille hérédité.

J'ai répondu au baron de Scheffer que j'informerais Votre Majesté de ce qu'il me disait, mais que je craignais fort que les desseins de cette personne ne pussent être d'engager Votre Majesté dans une démarche d'où Elle ne pourrait pas sortir avec dignité, sans entrer d'abord dans une guerre, si on manquait à gagner les deux électeurs, guerre que je ne croyais pas que la France fût en état d'entreprendre et de soutenir vigoureusement, par le mauvais état de ses finances et le mécontentement général qui paraît dans la nation.

Le baron de Scheffer me répondit là-dessus que la personne en question était si bien intentionnée pour le succès des affaires en général qu'elle ne voudrait tendre un piège à Votre Majesté... Le baron de Scheffer a encore appris par la même personne que le ministre de France auprès de l'électeur de Cologne a ordre de sa cour de proposer à l'Électeur les conditions auxquelles on pourrait consentir au choix d'un roi des Romains; il doit offrir à l'Électeur ces propositions comme de lui-même et lui insinuer d'en faire ouverture à Votre Majesté. Le baron de Scheffer assure les avoir vues.

Je lui ai fait remarquer que ce détour de finesse envers un allié tel que Votre Majesté était encore un motif à me rendre suspect l'avis que la personne en question venait de lui communiquer... Je vois que le baron de Scheffer est d'opinion que la guerre est inévitable dans trois ou quatre ans et qu'alors les ennemis de Votre Majesté et de la France seront mieux préparés. Je ne l'ai point

audit ministre combien je lui savais tout le gré imaginable de ce qu'il s'en était expliqué si cordialement envers vous, et qu'il saurait fermement compter que je lui en garderais un secret inviolable envers qui que ce puisse être. II y a une chose que j'aurais souhaitée encore, c'est qu'il vous eût nommé la personne qui lui avait fait ces ouvertures, afin qu'on eût été à même de juger du but qu'elle avait eu en tout ceci. Pour ce qui regarde l'affaire même, il faut bien que je vous dise que, si parfois les ministres de France marquent de la vivacité dans une affaire et qu'ils paraissent se déterminer à des résolutions vigoureuses, le plus souvent ils s'y ralentissent bientôt. Que d'ailleurs, selon moi, il ne paraît pas qu'il y aura de grands et importants avantages à tirer de l'Impératrice-Reine au sujet de l'affaire de l'élection, vu que cette Princesse n'est du tout intentionnée de donner la moindre chose du sien à cet égard, mais qu'elle en rejette tout le fardeau et tout ce qui y est d'onéreux sur le roi d'Angleterre, en déclarant que, comme c'était lui qui avait proposé et commencé l'affaire, ce serait aussi à lui de s'en démêler et de la finir à ses frais. Au surplus, dans les conjonctures présentes où se trouvent les grandes affaires de l'Europe, je suis du sentiment que ce serait une mauvaise politique que de commencer une guerre pour en éviter une; qu'il était très connu aux ministres de France la manière dont j'avais pensé sur l'affaire de l'élection, dès qu'elle avait été mise en mouvement, et-la