<539> à l'affaire de l'élection;1 cependant je suis toujours du sentiment qu'il convient absolument à la gloire de la France et à nos intérêts communs que l'Électeur palatin ait de la satisfaction sur ses prétentions à la charge de la cour de Vienne, ne fût-ce que pour quelque peu d'articles seulement. Si la France savait s'attacher les électeurs de Bavière et de Trêves, ce serait un grand coup de partie, puisqu'avec les voix de ces deux Électeurs et avec celle de Cologne, du Palatin et la mienne, [cela] formerait la majorité dans le Collège Électoral, de façon que l'autre parti n'oserait pas même entreprendre de faire convoquer les Électeurs. Mais je présume que c'est une affaire plutôt à désirer qu'à effectuer.
Au surplus, je crois que vous serez déjà informé que l'électeur de Cologne a résolu de faire, encore l'hiver qui vient, un voyage à Munich, ce qui donnera lieu apparemment à bien des menées de la part des ministres autrichiens et anglais.
Outre ce que je vous ai fait déjà marquer par le rescrit du département des affaires étrangères des articles du traité de subsides ostensible, conclu entre la Saxe et l'Angleterre,2 je veux bien vous dire que je sais par un très bon canal3 qu'il y a une convention séparée et secrète faite encore entre les parties contractantes au moyen de laquelle la Saxe s'oblige de vouloir donner sa voix électorale purement et simplement en faveur de l'archiduc Joseph pour l'élection d'un roi des Romains et que d'ailleurs la Saxe voudra laisser à la disposition souveraine de l'Angleterre les 6,000 hommes stipulés dans le traité, pour s'en servir toutefois et partout où celle-ci le voudra.
Je veux bien vous avertir que je suis informé de bon endroit4 que la Saxe a fait proposer par son ministre à la cour de Pétersbourg que, pourvu qu'elle accédât au traité fait entre les deux cours impériales l'année 1746, elle se stipulerait les trois conditions suivantes, savoir que les deux cours garantiraient la succession à la couronne de Pologne dans la maison électorale de Saxe, qu'en second lieu il se ferait un mariage réciproque du prince Xavier avec l'aînée des archiduchesses et réciproquement; pour troisième, que les deux cours impériales assisteraient de leurs forces la Saxe, si le cas arrivait que je la voulusse obliger à satisfaire à mes sujets créanciers de la Steuer saxonne; que ce serait pris alors pour un cas d'alliance, et que surtout la cour de Vienne ferait marcher alors contre moi 40,000 hommes par la Bohême; que cependant les ministres de Russie, tout comme celui de l'Impératrice-Reine, avaient refusé tout net ces conditions, et que surtout le dernier n'en avait voulu entendre parler du tout.
Je vous dis tout ceci, afin que vous en fassiez part dans la plus grande confidence aux ministres de France, après avoir tiré d'eux une
1 Vergl. S. 515.
2 Vergl. S. 536.
3 Mittheilung des österreichischen Legationssecretärs M. von Weingarten, Berlin 21. November.
4 Berichte Pretlack's an Ulfeld in Wien, Petersburg 2. und 9. October (vergl. S. 512) und 6. November.